LA ROBE PRÉTEXTE
Grand-mère emplit une coupe d’un vin mousseux qui valait le meilleur champagne. « Le plus fin s’y tromperait », affirmait-elle. Mais le champagne était précisément une volupté que pratiquait mon oncle pour vivre sa vie. Il porta un toast en mon honneur, émit le voeu qu’il me fût donné plus tard de connaître le vrai Mumm et le vrai Clicquot. Il faut, me disait-il en substance, devenir un joyeux drille et prendre l’existence du bon côté. [...]
Hier encore, quand le prédicateur racontait l’histoire du jeune homme qui meurt subitement au sortir d’une orgie, je supposais que l’orgie consistait à manger des huîtres et des écrevisses, à boire du champagne jusqu’à n’en pouvoir plus et à verser le reste dans le piano à queue.
1914
LA FIN DE LA NUIT
Bien qu’elle se fût à peine fardée, elle s’étonna de voir dans la glace son visage coloré. Elle avait bu un peu de champagne : c’était cela sans doute. Lorsque le désespoir qui vous tient desserre son étreinte c’est presque toujours pour une très petite cause d’ordre physique : une nuit de bon sommeil, un peu de vin...
1935