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Paul Poiret

Littérature générale (1930)

EN HABILLANT L’ÉPOQUE

Le dentiste des pachas de Turquie a vendu aux dames des harems du champagne dont elles sont très friandes.

Mais le Coran s’opposait à l’importation du vin en Turquie. II eut donc de graves ennuis, et trouva le moyen de les tourner, en livrant son champagne [...1 dans des clysopompes1.

Paul Poiret donne en 1912 à Versailles une "fête Louis XIV".

J’avais trois cents invités. Ils burent dans la nuit 900 bouteilles de champagne. [...] Isadora Duncan [...] m’attirait à elle en réclamant du champagne et des baisers.

En 1912, Paul Poiret rentre d’une tournée européenne avec neuf mannequins.

Nous arrivons à la frontière allemande à l’heure du déjeuner ; toute la troupe était affamée, il fallut servir un repas dans les voitures même. Un authentique pâté de foie gras de Strasbourg fut dévoré sur-le-champ et arrosé de deux bouteilles de Pol Roger.

1. Appareil destiné à injecter un lavement

Pendant la première guerre mondiale. Paul Poires officier d’administration, est envoyé en mission à Reims.

Je fis quelques pas à travers les ruines... Les Allemands qui m’apercevaient depuis leurs tannières me firent l’honneur de régler un tir sur ma personne. Je me précipitai dans un trou qui conduisait à une galerie, et la galerie à un corridor, le corridor à une voûte qui était la cave de la veuve Clicquot. Je trouvai là quarante bons Français à table parmi les jambons, les bouteilles de champagne et les candélabres. M. Werlé, le maître de maison, me fit une place à table. [...] A cinq heures du soir, on vint nous dire que le bombardement était fini. Quand je remontais à la surface de la terre, je me trouvais complètement ivre. Je découvris dans mes poches seize bouchons de bouteilles de champagne, les avais-je bues ?

Paul Poiret voyage aux Etats-Unis et au Canada. C’est le temps de la Prohibition.

Je me trouvais à New York et voulus offrir à dîner, dans un hôtel, à quelques amis. [...] Un de mes convives du lendemain s’offrit à me procurer trois bouteilles de Pol Roger 1906 au prix de 300 francs (870 euros 2004) l’une. [...] A la fin du repas, quand je vis le maître d’hôtel verser dans les verres une bibine rousse et lourde, je m’écriais : « Ne buvez pas cela, c’est du poison » ; on m’apporta les bouteilles dont toutes les étiquettes, cravate et col, avaient été truquées. C’était un faux Pol Roger que j’avais payé 300 francs (870 euros 2004) la bouteille. J’y trempais mes lèvres, il était imbuvable.

Je fus invité par un important industriel du Canada à passer une soirée à bord de son yacht sur le Lac Erié. Dès que les dames eurent rejoint leur cabine, tous les panneaux [...] s’ouvrirent. [...] On vit partout des bouteilles de champagne et des liqueurs.

1930
REVENEZ-Y
Le début d’une lettre envoyée par une actrice à Paul Poiret.
Bonsoir mon chéri,

Je suis complètement saoule. Je viens de me payer un bon dîner à moi toute seule et j’ai vidé ma bouteille de Moët 1906. Tu m’as dit que c’était une bonne année. J’avais le cafard.

1932