LA MANDARINE
Alors que son mari et mémé Boul sa grand-mère dorment déjà, Séverine, qui a faim comme à son habitude, prépare pour elle et ses frère et soeur Laurent et Baba une omelette. Arrive Toni, ami de Baba, encore inconnu du reste de la famille.
- C’est votre anniversaire, Toni ! Oh ! il faut célébrer cela ! Quel âge avez-vous ?
- Vingt-huit ans. Malgré cette calvitie stupide et tous mes soucis, je n’ai que vingthuit ans.
- Vingt-huit ans ! Vite, ouvrons du champagne ; vingt-huit bouteilles, vingt-huit bouteilles !
Séverine rayonnait. Une légère moiteur envahissait ses tempes. [...]
Ils burent beaucoup, trop. L’événement était de taille à justifier tous les excès : comment célébrer assez dignement l’admission unanime d’un étranger au sein de leur clan, cette métamorphose immédiate, joyeuse, d’un paria en intime, en frère ? Ils burent comme des trous pour arroser en somme leur premier coup de foudre.
Le matin, Groseille, la domestique, vient se plaindre à mémé Boul.
- Madame sait-elle combien "elle" a fait boire de bouteilles de champagne cette nuit ? [...] Vingt-te huit bou-teil-les. [...]
- Dites moi, Groseille, demanda-t-elle, réfléchissant, toutes les bouteilles étaientelles vides ?
- Non, Madame, répondit honnêtement Groseille. Mais elles étaient toutes ouvertes, les vint-te huit-te ! Ouvertes !
1957
BOY
On a servi le vin, nous deux Yvette, du bon que Madame avait apporté de la cave de Bordeaux et du champagne, ça c’était Monsieur Boy qui l’avait acheté en route. [...] Il a voulu trinquer avec tout le monde, même avec le personnel. [...] On a bu dans des flûtes comme des dames, Maria, Yvette et moi. Ça m’a piqué le nez et les yeux mais après j’étais bien, toute chaude à l’intérieur, toute gaie, j’avais envie de danser en passant les plats.
1973