UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Jules Roy

Littérature générale (1972)

LES ÂMES INTERDITES

En Algérie, à la veille de la première guerre mondiale. Un festin est improvisé chez lïnstituteur Dematons et son épouse Mathilde, avec les victuailles et le champagne apportés par Hayek, un commerçant levantin, amoureux de Marie (la narratrice), la soeur de Mathilde.

- Si nous buvions du champagne ? a proposé Hayek. En votre honneur ?

- Pourquoi pas ? a dit Dematons.

Mathilde a sorti des coupes et les a essuyées. Hayek a tendu la bouteille à Dematons.

- Vous saurez mieux que moi. C’est un peu de votre pays, n’est-ce pas ?

Dematons s’est rengorgé. Il a décortiqué l’enveloppe dorée et l’armature du capuchon. [...] Il a dirigé le goulot vers le plafond, a dévissé le bouchon dans ses fortes mains, l’a aidé à sortir doucement, et pendant que nous jouions à avoir peur, que Mathilde tenait Hector contre elle pour le protéger, il a attendu que ça saute. De la mousse s’est répandue. Il a empli les verres. Ça pétillait, c’était joyeux.

- Pour Hector juste une goutte, a dit Mathilde.

Nous avons trinqué. Hayek m’a porté un toast.

- A ma reine...

- Idiot ! ai-je répondu.

- Du Mumm, a dit Dematons. Eh bien...

Dematons parle de la guerre que l’on croit prochaine.

- Ce qu’on craint ?[ ...1 Que nous ne soyons frappés, sur le billard de la politique, par un carambolage général.

Il a bu une gorgée et fait claquer sa langue

-  Fameux...
Sa coupe à la main, il a continué de pérorer

-  Si nous emboîtons le pas aux Russes, l’Allemagne interviendra. Belle occasion pour nous de reconquérir l’Alsace-Lorraine ? [...]
Il a regardé l’étiquette de la bouteille

-  Du brut. Celui que je préfère... [...]
Le vin l’échauffait, il s’excitait, il parlait de la guerre comme d’une noce.
1972

LA SAISON DES ZA

Elle connaissait les choses de la vie, Yvonne Printemps. [...] Quelle allure malgré son âge ! [...] Quand un peu de champagne lui faisait mousser le coeur, elle chantait encore d’une voix de rossignol de paradis perdu, la fameuse apostrophe

Mon Dieu, que c’est bête un homme, Un homme, un homme...

1982