UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Jean-Claude Navier

Littérature du vin et de la table (1778)

Docteur en médecine

QUESTION

AGITÉE DANS LES ÉCOLES DE LOA FACULTÉ DE MÉDECINE

DE REIMS LE 14 MAI 1777

PAR M. NAVIER FILS, DOCTEUR-RÉGENT DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE

EN L’UNIVERSITÉ DE REIMS, DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS

ET BELLES LETTRES DE CHAALONS-SUR-MARNE. SUR L’USAGE

DU VIN DE CHAMPAGNE MOUSSEUX CONTRE LES FIEVRES PUTRIDES

ET AUTRES MALADIES DE MÊME NATURE

De tous les vins, il n’en est point qui contienne moins de parties tartareuses que le vin de Champagne ; il n’en est point, par conséquent, qui soit moins propre à porter avec lui les germes douloureux de la goutte et de la gravelle. Il est également démontré qu’il n’en est point de moins incendiaire, puisque la partie spiritueuse s’y trouve moins abondante. Indépendamment de ces qualités précieuses, que le Vin Mousseux partage avec les autres Vins de Champagne, il contient de plus un principe particulier que les Chymistes appellent Gas ou air fixe ; principe qui le caractérise essentiellement, principe reconnu aujourd’hui comme le plus puissant antiseptique qu’il y ait dans la nature et pour un dissolvant efficace des pierres humaines, principe qui doit communiquer à la liqueur qui le renferme les vertus dont il est lui-même en possession.

Le jus délicieux des côteaux champenois réunit donc le double avantage, et de surpasser en agrément tous les autres Vins, ce qu’on ne peut lui contester, et d’être le plus propre à maintenir les lois pleines de sagesse que l’auteur de la nature a établies dans l’oeconomie animale, pour la conservation de la santé et de la vie. [...]

Le Vin de Champagne a la propriété de diviser les humeurs épaissies, de lever les obstructions, de provoquer les urines, d’exciter l’expectoration, de remédier aux pâles couleurs, d’éloigner les assauts goutteux, de chasser les germes de la pierre et de la gravelle. [...]

Laissons dans les Pharmacies ces médicaments insipides, laissons-y ces préparations rebutantes. Une liqueur qui sait autant flatter le palais, que conserver et rétablir la santé, mérite sans doute nos suffrages de préférence. On se garantira par son usage des Maladies Epidémiques dont on seroit menacé. [...]

En vain la calomnie répand de tous côtés que le pétillant de nos vins est pernicieux ; en vain elle prétend qu’ils n’ont qu’une chaleur nuisible et une saveur sans vertu :incapables de cacher sous des apparences insidieuses un venin perfide, ils seront toujours une image fidèle de l’ingénuité champenoise.

1778