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Corporation des Tonneliers-Cavistes

Au moyen âge les artisans tonneliers de Reims s’occupaient de mettre en fûts les vins déjà notoires et appréciés de la Montagne de Reims pour les livrer à des marchands qui les vendaient et détaillaient aux célèbres foires et marchés de cette époque. Ces artisans, qui s’étaient installés un peu partout dans la ville, troublaient la tranquillité des paisibles bourgeois avec le bruit de leurs maillets et de leurs chants.

Guillaume aux Mains Blanches, en sa qualité d’Archevêque Duc et Seigneur de Reims, prêta l’oreille aux doléances des bourgeois et fit construire, à l’intention des métiers bruyants, un quartier suburbain au lieu-dit " La Couture ". Situé à l’époque en dehors des remparts, il suivait le tracé actuel des rues des Telliers, du Clou dans le Fer, Tronçon du Coudray et des Fuselliers.

Ainsi installés, les tonneliers jouirent de certains privilèges : droit d’édifier des auvents et loggias sans autorisation spéciale. Le marché au merrain devait se tenir dorénavant dans ce nouveau quartier qui formait une espèce de petit bourg à part. Ils étaient autorisés chaque année à élire un maire qui les jugeait en première instance au lieu d’avoir affaire au tribunal des Echevins. C’est l’origine de la place des Coutures qui prit plus tard le nom de place Drouet d’Erlon que nous connaissons de nos jours.

La corporation des Tonneliers se constitua peu à peu et en 1379 l’Archevêque réglementa leur profession. Par une décision en date du 7 décembre 1565, le parlement de Paris confirma une sentence des Echevins de Reims faisant défense aux tonneliers d’exercer l’état et l’office de courtiers en vins.

Un événement important se produisit au début du XVIII siècle. Jusqu’alors le vin de Champagne avait été vendu uniquement comme vin tranquille. Or, un compagnon de Dom Pérignon transmit le secret des travaux de celui-ci à un de ses neveux, Nicolas Ruinart, qui fonda la première Maison de vins de Champagne en 1729.

On vit alors apparaître en ville les ouvriers cavistes qui jusqu’alors ne travaillaient le vin que dans les celliers et caves des vignerons. Par contre la Corporation des artisans tonneliers a encore, jusqu’en 1791, le monopole du travail réglementé et veille jalousement au respect de ses prérogatives. En cette même année 1791, toutes les communautés d’arts et métiers furent appelées à disparaître par application de la loi "Le Chapellier".

Sous le second Empire, en 1830, la Corporation se reconstitua sous forme syndicale. Cette association était bien modeste dans ses attributions, car elle n’avait pour but que d’assister aux funérailles de ses membres décédés.

C’est en 1842 que la communauté des tonneliers voulu bien admettre dans son syndicat les chefs de caves des Maisons de Champagne. Les maîtres tonneliers étaient chargés, dans la plupart des Maisons de Champagne, de faire les importants travaux de tirage et aussi de reliage sous le régime de l’entreprise par un personnel de leur choix.

En 1848, dans sa séance du 30 avril, le Comité, qui possédait 1671 francs en caisse, décida de prélever 1500 francs sur cette somme pour porter secours à des ouvriers tonneliers se trouvant dans l’embarras.

En 1855, une fondation à perpétuité instaure une messe patronale qui sera célébrée le jour de la St Jean-Baptiste ou le lundi suivant. En 1867, La Corporation comptait 150 membres adhérents.

En 1878, Monsieur Deproye, chef de cave de la Maison Krug, prit la présidence et entreprit la réorganisation de la Corporation avec quelques amis. Plusieurs dirigeants de Maisons de Champagne apportèrent à cette organisation leur appui moral et financier et fin 1879, tout le commerce de Champagne offrait son concours au Comité de la Corporation pour fêter dignement chaque année la St Jean-Baptiste des Tonneliers et Ouvriers de caves. En 1880, fut décidée la création de la fanfare.

Dès 1886 fut fondée officiellement la société de secours mutuel des tonneliers et ouvriers de caves. Toutes les Grandes Marques et Maisons de Champagne y contribuèrent et le Syndicat de Grandes Marques créé depuis quatre années seulement y apporta une contribution substantielle. Cette société avait pour but "d’assurer à ses sociétaires en cas de maladie, des soins médicaux et une indemnité pécuniaire, en cas d’infirmité des secours temporaires et enfin en cas de décès, des funérailles convenables". Dans le compte rendu de son assemblée générale du 25 mai 1887, le Président des Grandes Marques et Maisons de champagne, Florens Walbaum souhaitait que ce genre d’association ne se limite pas à la ville de Reims et assurait que le syndicat accorderait "sa sympathie et son concours" aux mutuelles qui se constitueraient ailleurs dans le département. Dès cette époque, les salariés (vignerons, cavistes, et employés) bénéficiaient déjà d’un statut social envié des autres travailleurs. D’aucuns pourront y voir de nos jours une forme de paternalisme, mais tous les salariés de l’époque (qui n’avaient aucune Sécurité Sociale) apprécièrent à sa juste valeur l’action de générosité bénévole de leurs employeurs qui allait durer plus d’un siècle et demi !

Chaque année lors de la fête de la St Jean, la corporation avait sa grande journée au cours de laquelle elle était reçue par les adhérents du Syndicat de Grandes Marques de Champagne dans les celliers d’une Maison. Au cours de cette réception des coupes d’ancienneté étaient remises aux membres de la Corporation, ainsi que des livrets de caisse d’épargne aux jeunes ouvriers méritants. Des prix d’honneur étaient également décernés. L’après-midi une séance récréative était organisée au cirque municipal tandis que se déroulait la traditionnelle course aux tonneaux dans les rues de la ville de Reims. En fin de journée, un grand bal terminait cette journée festive. Toutes ces activités sociales et ludiques jouèrent un rôle essentiel durant près de deux siècles jusqu’aux années 1950.

Depuis la guerre de 1940-45, le rôle rempli par la Corporation s’est progressivement réduit au fur et à mesure de la mise en place de régimes de prévoyance sociale rendus obligatoires au niveau national : sécurité sociale, mutualité sociale, caisses de retraite, etc... La mission d’assistance et de solidarité qui fut le fondement de la Corporation et de son idéal généreux était alors reprise et généralisée au bénéfice de tous les secteurs d’activités. Tonneliers et cavistes (au même titre que toutes les autres catégories de salariés : bureaux, vignerons, etc.) restent de nos jours bénéficiaires de régimes de prévoyance sociale très avantageux par rapport aux autres secteurs d’activités.

On cite parmi les Présidents qui se succédèrent à la tête de la Corporation.

1830 Noël Lefèvrve
1866 Nicaise Hennequin
1871 M. Tellier
1878 M. Deproye Krug
1881 Romain Delouvin
1891 Paul Hazart
1895 Alexandre Gougelet
1919 Romain Delouvin Lanson
1923 Arthur Marniquet Pommery
1936 Maurice Hazart Ruinart
1957 Raymond Collet Charles Heidsieck
1967 Auguste Philipponnat Henriot
1998 Jean-Claude Colson Coopérative Palmer
2001 André Guillaume Mumm

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