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Satire de dégustateurs pédants et prétentieux

Journal « Le Crapouillot » 1968

Rappel préalable : Le « meilleur de tous les champagnes » c’est celui que VOUS et VOTRE compagne aimez. C’est celui élaboré par la Marque de votre préférence car elle et elle seule peut vous fait plaisir, plus qu’aucune autre.
Et s’il se trouvait dans votre entourage quelque rabat-joie prétentieux qui tente de vous gâcher votre plaisir et prétextant « s’y connaître » mieux que vous-même en matière de dégustation, et bien donnez lui donc le texte ci-dessous qui date de 1968 mais garde toute son actualité !

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Ils sont comiques à voir, lorsque le petit doigt en l’air, ils donnent une leçon au sommelier ou plongent leur thermomètre dans le verre, sérieux comme mon chat dans sa sciure.

Ils sont irrésistibles à entendre, lorsqu’ils parlent de ce qu’ils boivent. Pour eux, un vin n’a plus seulement de la cuisse ou de la jambe, il fait la queue de paon et son bouquet va du sucre brûlé au pruneau confit en passant par le poivre-cannelle, la rose fanée, le cèdre, le chêne ou l’abricot-pêche. Ainsi ils ne boivent plus du vin mais une usine, un verger ou une épicerie.
Ils sont odieux, aussi, parce qu’ils gâchent mon plaisir, le vôtre, celui de tous ceux pour qui manger ou boire sont joies de vivre.
Oh ! Certes, que les œnologues discutent entre eux de la fermentation mano-lactique, de la pourriture noble, de la vinification à chaud ou de macération carbonique, c’est leur droit et sans doute même leur devoir. Mais de grâce, laissons-leur ce sujet de conversation et ne l’amenons point jusqu’à table.

La table est faite pour les propos badins, l’anecdote et la médisance roborative.
Trousse-t-on une belle fille en lui demandant l’adresse de ses parents et le taux de cholestérol de sa grand-mère ?
Lorsque je bois une bonne bouteille, je ne m’inquiète pas d’apprendre l’âge du vigneron, le nom du cépage et l’avis motivé du professeur !
Pour un peu je ferais mienne cette suffisante appréciation de Guy Charles Cros :
Le vin est un liquide rouge
Sauf le matin quand il est blanc...

Pour le reste il est bon ou mauvais et plus souvent mauvais que bon, hélas !

Les précieux n’y peuvent rien.

Journal « Le Crapouillot » 1968
Haut le Pomponne par Georges PRADE
Journaliste Gastronomique
Commandeur de l’Ordre des Coteaux de Champagne (1968=>1992)

J’entre au Crapouillot verre, ou plutôt, POMPONNE en main (1). C’est dire que je me refuse à vous accabler sous des litanies de statistiques, de géographie viticole, de technicité. N’attendez pas de moi un cours d’Economie Politique consacré au champagne, pas davantage son éloge académique. Je viens seulement confesser pourquoi je l’aime, quand et comment je le bois.
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A tous ceux qui pensent m’embarrasser en me demandant quelle est, à mon avis, la meilleure marque, je réponds sans hésiter : « Celle à laquelle vous êtes habitué. » L’amateur fixé sur un goût y demeure fidèle, de la meilleure foi du monde. Combien en ai-je vu de notables auxquels la concurrence prodiguait dégustations, cadeaux et qui, dès liberté recouvrée, retournaient d’instinct à leur champagne préféré. Signalons toutefois que dans cette querelle des anciens et des modernes ce sont les derniers qui semblent avoir le vent avec eux. On boit plus jeune, plus frais, et puisque faire sauter un bouchon n’est pas affaire d’Etat, les vins alertes et harmonieux connaissent la faveur.

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Journal « Le Crapouillot » n° 5 - hiver 1968