UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Fort Chabrol

Achevé en 1900, il accueillit "l’école pratique de viticulture Moët & Chandon". La Maison et son "fort" joueront un rôle déterminant dans la lutte contre le phylloxéra.

Le fort Chabrol fait partie des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Plus intéressant, le journal comptable de la Maison Chandon et Cie mentionne en 1900, un entrepreneur agéen du nom d’Abel Chabrolle et un discours de 1908 illustre l’œuvre de Raoul Chandon de Briailles au "Fort Chabrolle, du nom de son constructeur, M. Chabrolle".

L’histoire du lieu commence à la toute fin du XIXème siècle, peu après l’apparition en Champagne de ce que l’on nomme alors "le redoutable insecte" ou encore "le terrible ravageur des vignes" et contre lequel entomologistes, viticulteurs et autres savants hommes du sud de la France livrent l’"offensive" (ce sont les termes de l’époque) depuis déjà trois décennies : il s’agit du phylloxera [1]. Les premières traces en sont repérées en Champagne le 6 août 1890 à Tréloup-Chassaing (Aisne), puis dans la Marne, à Mardeuil et au Mesnil-sur-Oger, en 1892.

Raoul Chandon de Briailles commença par racheter, arracher et brûler la première parcelle atteinte. Les Champenois purent en outre bénéficier du résultat des longues recherches déjà menées, entre autres lieux, à Bordeaux et Montpellier. Sulfure de carbone et sulfocarbonate de potassium représentent, dans un premier temps, les seuls moyens efficaces avant que la technique du greffage soit enfin reconnue, acceptée, et utilisée après des années de travaux, mais pas avant 1890.

A l’instigation de Raoul Chandon de Briailles, plus de 100 champs d’essais furent bientôt créés en différents endroits et confiés aux "maîtres vignerons". Ils permirent l’étude des cépages et des porte-greffes : parmi ceux-ci figuraient déjà le 41 B MG, toujours utilisé. Des millions de greffes issues des ateliers créés par Raoul Chandon de Briailles permirent de replanter 115 ha de 1898 à 1911.

L’origine de cette action remonte à l’année 1895, date à laquelle fut également mis en place un laboratoire de recherches œnologiques. Le bâtiment, sis avenue de Mardeuil à Epernay, permit bientôt de rassembler en un seul lieu station de greffage, laboratoire de recherches œnologiques et laboratoire de recherches viticoles.
Achevé en 1900, il accueillit "l’Ecole Pratique de Viticulture Moët & Chandon" où furent formées des générations de jeunes Champenois. Les "brevets de Viticulture champenoise" y étaient encore décernés au début des années 1980, longtemps après la création du collège viticole d’Avize il y a quelque 70 ans.

Raoul Chandon de Briailles inscrivait ainsi son nom et son action dans l’histoire champenoise en donnant à chacun les moyens de lutter contre "le redoutable insecte" et de progresser. Voici pour conclure les propos de Léon Guille en 1926 :

"Les études et les essais entrepris par M. Raoul Chandon de Briailles et les continuateurs de son oeuvre ont permis aux vignerons champenois d’éviter bien des fausses manœuvres et de nombreux mécomptes dans la tâche ardue que leur imposait une reconstitution pleine de difficultés. (...) Le Jury (du concours régional agricole de l’Est) a tenu surtout à récompenser les services désintéressés qu’ils (MM. Moët & Chandon) ont rendus à la viticulture de cette belle région".

Notes

[1du grec "phullon", feuille, et "xeros", sec ; c’est-à-dire "feuille desséchée"