Aéronaute confirmée et pionnière de l’aviation, plus connue sous le nom de "baronne" de Laroche, elle fut la première à voler en solo en octobre 1909. Elle se tua au cours des essais d’un nouvel aéroplane en 1919.
Née à Paris en 1886, Elisa Léontine Deroche est à 20 ans une artiste de théâtre fort jolie, mais aussi une peintre et sculptrice.
Ayant rencontré Charles Voisin, il l’encourage au pilotage et l’accompagne sur le terrain d’aviation du camp militaire de Châlons-en-Champagne pour qu’elle s’entraîne. Elle troque les toilettes parisiennes pour se vêtir de combinaisons et pulls de pilotes d’avion.
En 1909, les hommes-oiseaux sont l’idole des foules. Quand sera t-il de la première aviatrice ? C’est dans cette atmosphère d’exceptionnelle euphorie que Raymonde de Laroche entreprend au camp de Châlons-en-Champagne son apprentissage sur biplan Voisin.
Vendredi 22 octobre 1909, au Camp de Châlons, Raymonde Deroche, est devenue l’amie intime de Charles Voisin. Elle se présente sur le terrain d’aviation pour une leçon particulière de pilotage. Comme l’avion est monoplace, Raymonde s’installe aux commandes tandis que Charles Voisin, au sol, lui prodigue des conseils. Naturellement, elle ne devait pas décoller, mais après un tour de piste au sol, elle se déclare prête à voler.
Devant Charles Voisin, un journaliste anglais, Harry Harper, quelques mécaniciens, elle met les gaz et s’élève à environ 5 m du sol. Elle parcourt quelques centaines de mètres (300 m) de façon très stable, puis se pose doucement, revient à son point de départ en roulant.
Harry Harper, s’exclame « Les mauvaises langues avaient tort, elle est culottée cette femme ! »
Raymonde Deroche assistera enthousiaste au 1er meeting aérien du Monde organisé à Reims en août 1909 par quelques Grandes Marques de champagne : Pommery, Veuve Clicquot, Moët & Chandon, Roederer, Heidseick et Mumm.
Le 8 mars 1910, elle obtient sous le n° 36, le brevet de l’Aéro-Club de France. La première femme ayant quitté le sol à bord d’un avion plus lourd que l’air, puis volé seule à son bord, c’est une élève de Léon Delagrange. Mais le mérite d’avoir persévéré jusqu’au brevet, et au-delà, revient à Mme de Laroche.
Très sportivement, elle rivalise avec ses camarades masculins dans les grands meetings d’aviation. Sa grâce naturelle, son audace et son courage lui donnent bien vite la faveur des spectateurs enthousiasmés.
On admire ses évolutions aux meetings d’Héliopolis, et de St Petersbourg, où le Tsar Nicolas II, impressionné par sa prestance aurait tenu non seulement à la féliciter personnellement mais aussi à lui attribuer le titre de Baronne de Laroche qu’elle portera à Budapest, à Rouen et à la Seconde Grande Semaine de Reims de 1910. Lors de celle-ci, elle fait une chute très grave : bras gauche, jambe droite, cuisse gauche et bassin fracturés. Douée d’une énergie et d’une volonté peu communes, Raymonde de Laroche, après de longs mois d’immobilisation, veut rattraper le temps perdu. Son sweater blanc d’aviatrice qu’elle revêt à nouveau en 1911, s’orne de la rosette d’officier de l’instruction publique, la Légion d’Honneur n’était pas alors décernée aux aviatrices.
Mais entre-temps, des rivales sont nées dans le ciel : Marie Marvingt, Hélène Dutrieu, Jeanne Herveux, Jeanne Pallier. Chaque année, une émulation sportive s’élève entre ces amazones de l’air à l’occasion de la Coupe Femina, épreuve de distance réservée aux aviatrices. Deux fois, Raymonde de Laroche enlève ce trophée très disputé.
Après la guerre, elle reprend les commandes et, à bord d’un petit G. 3, se spécialise dans les vols d’altitude. Le 17 juin 1919, à Issy, elle bat le record féminin de hauteur par 3 900 mètres. Mais sa performance est immédiatement surclassée par l’américaine Miss Ruth Law, qui atteint 4 270 mètres. Aussitôt, Raymonde de Laroche se remet en piste et reprend son bien en s’élevant à 4 800 mètres.
C’est l’apogée de sa belle carrière.
La Coupe Femina remise en compétition, l’attend à nouveau et elle part s’entraîner au Crotoy. Le 18 juillet 1919, en compagnie du pilote Barrault, elle s’envole pour un ultime essai. Et soudain, c’est le drame brutal, inexplicable... Sur le sable de la Baie de la Somme, gisent deux victimes. Elisa Deroche n’avait que 32 ans.
- Pilote sur biplan Voisin n°59 à la 2ème semaine aéronautique de Champagne 1910