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Jean Carzou

France (1907 - 2000)

Le peintre et décorateur Jean Carzou, décédé le 12 août 2000 à Périgueux (Dordogne) à l’âge de 93 ans, avait acquis une renommée internationale. La France, la Grande Bretagne, les Etats Unis, l’Egypte, le Japon ont accueilli plusieurs de ses expositions d’encres, de crayons, de gouaches ou de pastels étranges.

Après une longue carrière de peintre, graveur et décorateur de théâtre il s’était lancé, âgé déjà de 83 ans, dans une gigantesque Apocalypse dont il avait paré les murs de l’église de la Présentation à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Non pas l’illustration littérale de L’Apocalypse de Saint-Jean, mais "le climat de notre époque" peuplée d’horizons dévastés, de navires embrumés, de rails enchevêtrés et de blockhaus traduisant sa hantise de la guerre et de l’holocauste. Il y a notamment réalisé un superbe portrait de femme-arbre au visage de madone, délivrant au monde un message d’éternelle humanité.

Né à Alep (Syrie) le 1er janvier 1907 dans une famille arménienne, Jean Carzou - de son vrai nom Garnik Zouloumian - étudie d’abord chez les Pères maristes. En 1924, ses brillants résultats scolaires au lycée français du Caire (Egypte) lui valent une bourse de la communauté arménienne.

"Pour faire sérieux", il rejoint Paris pour des études d’architecture alors qu’il rêve des Beaux-Arts et du Prix de Rome. A l’approche des années 30, il "fait des ronds, des carrés" dans son atelier de la rue des Plantes à Montparnasse. Il vivote grâce à ses caricatures d’hommes politiques publiées dans la presse et à ses dessins sur tissus. Il peint "loin des écoles", faisant l’expérience nécessaire à l’aboutissement de ses personnages de "peintre-artisan" comme il se nomme.

Un musée à son nom à Dinard
En 1938, il organise plus de cent expositions particulières de ses oeuvres à Paris, en province et à l’étranger. Puis il participe à plusieurs expositions officielles organisées par la France hors d’Europe, et reçoit le prestigieux Prix Hallmark en 1949.

Carzou ne se contente pas de peindre des toiles bleues et singulières. Il enchâsse ses tableaux et ses aquarelles dans des médaillons de velours ou de papiers dentelés. A certains critiques d’art qui le qualifient de "décorateur", il lance "vous aurez de la peinture mais aussi du théâtre". En 1952, sa réalisation du décor et des costumes des "Indes Galantes" de Rameau à l’Opéra de Paris le révèle au grand public. Il enchaîne avec Le Loup (1953) pour les Ballets de Roland Petit. Giselle (1954) et Athalie (1955) ravissent les spectateurs de l’Opéra et de la Comédie française.

En 1977, Carzou dessine lui-même son costume et son épée d’Académicien avant de faire son entrée à l’Institut des Beaux-Arts. Pourfendeur du laxisme de la société moderne en général, et du cubisme en particulier, il estime que Picasso est "une personnalité qui ne fait pas de la peinture". Seuls Claude Lorrain, Watteau et Dali sont, selon lui, "de grands peintres".

Auteur d’une importante oeuvre lithographique ("Les Illuminations" de Rimbaud) et de tapisseries, décorateur de Chapelle de l’église du couvent de Manosque devenue Fondation Carzou en 1991, l’artiste a vu son oeuvre consacrée en 1995, à Dinard (Ille-et-Vilaine), avec l’ouverture d’un musée à son nom.

Père de l’écrivain Jean-Marie Carzou, Jean Carzou était veuf de Nane depuis 1978. Il était Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’ordre national du Mérite et Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres.