Née à Cormontreuil le 16 décembre 1904, Suzanne Tourte, personnage aux multiples facettes, a manifesté très tôt une aptitude pour les arts.
Dès l’âge de 20 ans, elle s’installa à Paris. Capitale de l’avant-garde artistique internationale, Paris offrait pour les artistes le plus grand marché de peinture au monde, les plus talentueux y trouvaient des amateurs pour acquérir leurs œuvres, des galeries et des salons pour y exposer leurs peintures.
Peintre-graveur de premier plan, Suzanne Tourte évoluait à Paris dans le meilleur monde artistique et littéraire. André Maurois, Hervé Bazin, Paul Guth, Armand Lanoux, Louise de Vilmorin, Robert Mallet, Paul Fort ont cultivé son amitié et chanté ses louanges : « Ô ma joie ! L’exclamation, pour qui la connaît, résume cette femme et sa peinture…  » dit l’un, « Elle grave comme elle chante, comme elle peint : en rêve  » enchérit l’autre.
En ce début du 20ème siècle où les concepts fondamentaux de l’art sont remis en cause, Suzanne Tourte assista à une concurrence sans retenue entre les artistes qui sont à la recherche de nouvelles voies d’expression : audace du fauvisme, affirmation du cubisme, naissance de l’abstraction, agressivité de l’expressionnisme et tant d’autres… puis le « retour à l’ordre  » à la seconde guerre mondiale.
Au cœur de cette tourmente, Suzanne Tourte a su créer son propre univers. Ses œuvres de jeunesse sont franchement figuratives. Elle évolua ensuite vers une période dite « à enroulements  » où le modelé de ses personnages est cerné d’un trait. Mais c’est vers les années 1950 que, sa peinture atteignant la pleine maturité de son art, elle donna le meilleur d’elle-même. Cette œuvre très personnelle, la plus construite, correspond à la période dite « géométrisée  ». Une période dite « sereine  » lui succéda. Quelle que soit la « période  », c’est toujours une peinture exigeante dans sa rigueur et riche dans la beauté de sa facture.
Grande professionnelle, lauréate du Prix Blumenthal en gravure, Suzanne Tourte nous entraîne dans un monde de bonheur. Pour y accéder, il faut surmonter la peur de paraître enfantin.