UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Les origines

Conscientes des aléas de la nature, soucieuses de progresser ensemble par la mise en commun de leurs connaissances, les Maisons de champagne cultivent depuis toujours un « sens de l’équipe ». Il est à l’origine d’un partage des fruits de leur activité entre actionnaires, vignerons, salariés et collectivités locales, avec le souci permanent de leurs clients qui exigent que leur plaisir reste accessible.

En 1882, trente-cinq Maisons de champagne décident de se constituer en syndicat professionnel (le Syndicat du Commerce des Vins de Champagne, devenu l’Union des Maisons de Champagne) pour défendre le mot « champagne » en France et dans le monde contre les usages abusifs qui en étaient faits par d’autres producteurs de vins mousseux. Cette création est venue formaliser des actions communes déjà diligentées depuis le milieu des années 1830. En dépit de fondements juridiques très faibles (le concept d’appellation d’origine n’est consacré par la loi qu’en 1935), les Maisons obtiennent la confirmation par la cour de cassation, en 1889, que :

Le mot champagne ne s’applique qu’au vin récolté et fabriqué dans la province de France qui porte ce nom.

En substance, « il n’est de champagne que de la Champagne ». Sans ces actions collectives, « champagne » serait devenu un produit générique comme l’eau de Cologne. Parallèlement, le syndicat établit des contacts avec toutes les ambassades et les consulats français des divers pays importateurs de champagne. Il obtient ainsi des informations rapides qui lui permettent d’entreprendre les actions diplomatiques ou contentieuses qui s’imposent.

Très vite, le second motif de réunion des Maisons de champagne vise à organiser la lutte contre le phylloxéra qui apparaît en Champagne dans les dernières années de la décennie 1880. Les Maisons engagent la lutte ; elles créent l’Association Viticole Champenoise (1898) pour fournir aux Vignerons le matériel et les conseils nécessaires pour tenter de préserver d’abord puis ensuite pour reconstituer le vignoble champenois. La Maison Moët & Chandon contribue particulièrement à la lutte contre l’insecte en mettant à la disposition de l’ensemble des vignerons un immeuble situé au cœur des vignobles portant le nom prédestiné de "Fort Chabrol".

Devenu musée, ce site rappelle les efforts exceptionnels mis en œuvre à l’époque pour la recherche fondamentale en matière viticole et la formation de tous les Vignerons aux méthodes de greffage, seul moyen d’éviter la maladie des ceps.

Pour rendre la lutte plus efficace, les Maisons incitent les Vignerons à se structurer en syndicats locaux qui se fédéreront en 1905. Cette fédération deviendra plus tard (1919) le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne, Ainsi naissent de premiers contacts formels entre les Vignerons et les Maisons qui aboutiront plusieurs décennies plus tard à la création de l’interprofession.

En même temps que la lutte contre le phylloxera s’organise, apparait une nouvelle forme de fraude, cette fois, à l’intérieur de la Champagne. Des négociants non adhérents du Syndicat s’approvisionnent en raisins d’autres régions viticoles pour élaborer leurs vins « en Champagne ». Dès sa création, la Fédération des Syndicats de la Champagne décide de poursuivre la lutte aux côtés du Syndicat du Commerce. Les deux professions, alliées, obtiennent du gouvernement plusieurs lois dont celle du 5 août 1908 qui prévoit la « délimitation administrative » en fonction d’usages locaux, loyaux et constants. Le décret du 17 décembre 1908 fixe la première délimitation et prévoit de réserver l’appellation champagne aux vins entièrement récoltés et manipulés dans la zone. C’est une victoire immense obtenue grâce à l’union de la Fédération des Vignerons et du Syndicat du Commerce. D’autres succès contre la fraude sont obtenus collectivement par les deux syndicats : l’instauration d’une déclaration de récolte et de titres de mouvements (loi du 29 juin 1907).

Les grands perdants de ces combats sont les Vignerons de l’Aube que le décret de 1908 exclut de la délimitation administrative sous la pression, il faut bien le reconnaître, de la Fédération et du Syndicat. Le 29 janvier 1911, après une manifestation, ils créent la Fédération des Vignerons de l’Aube. Son action conduit le gouvernement à ouvrir une nouvelle enquête sur la délimitation qui conclut à l’intégration complète de l’Aube dans la délimitation. Associée à de mauvaises récoltes, cette nouvelle met le feu aux poudres dans la Marne où la révolte éclate le 11 avril 1911. Les locaux des négociants, soupçonnés, à tort ou à raison, de s’approvisionner dans l’Aube, sont saccagés et parfois incendiés.

Pour apaiser les esprits, le gouvernement décide de maintenir la délimitation administrative et de créer une « champagne deuxième zone » dans l’Aube, ce qui, bien entendu, ne satisfait pas les Aubois.
Interrompues par la Grande Guerre puis larvées, les oppositions entre Aubois et Marnais se dissipent grâce aux concessions consenties de part et d’autre. En dépit de ces difficultés, les Champenois sont récompensés de leurs efforts et de leur persévérance par la promulgation de la loi du 22 juillet 1927 qui définit une délimitation précise des conditions de production.

En 1936, « champagne » est reconnu par l’Institut National des Appellations d’Origine (INAO créé en 1935) parmi les premières appellations françaises dont les Champenois sont à l’origine de l’invention.

Fraude et phylloxera ! Deux horribles mots qui raisonnent encore dans l’esprit des Champenois. Deux maux dont il est pourtant sorti un bien : l’ébauche de partenariat indéfectible qui unit Vignerons et Maisons de champagne.
Quelques années plus tard, la recherche viti-vinicole, la défense et la valorisation de l’AOC champagne qui ont été pendant 60 ans impulsées par le Syndicat du Commerce, sont dévolues au Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne créé en 1941.

Dans un autre registre, le Syndicat du Commerce a joué un rôle déterminant en matière d’information des consommateurs sur les spécificités des Grandes Marques de champagne.

Depuis Louis XIV jusqu’à nos jours, chaque Grande Marque réalise d’inlassables efforts de promotion de la notoriété du terroir de Champagne en France et dans le monde entier. A l’époque ancienne où les consommateurs ignoraient les particularités du champagne des opérations collectives étaient parfois réalisées pour les faire connaître (terroir, conditions d’élaboration, etc.).

L’exposition universelle de 1889 est l’occasion de présenter un pavillon des Grandes Marques de champagne qui se voit attribuer le premier grand prix par le Président de la République. C’est un véritable chef d’œuvre du bon goût et de l’art avec, par exemple, l’exposition du tableau de J.F. Millet Les Glaneuses acquis par Madame Pommery.

A l’exposition universelle de 1900, le Pavillon des Grandes Marques de champagne suscite l’émerveillement des visiteurs du monde entier consacré par l’attribution du Grand Prix (une fois encore) par le président de la République, Emile Loubet.

Au plan social, le Syndicat du Commerce s’engage financièrement dans la création de la Société de Secours mutuels (devenue la Corporation des Tonneliers) qui se constitua à Reims en 1886 entre les tonneliers et les ouvriers des caves. Cette société avait pour but "d’assurer à ses sociétaires en cas de maladie, des soins médicaux et une indemnité pécuniaire, en cas d’infirmité des secours temporaires, et enfin en cas de décès, des funérailles convenables". Dans le compte rendu de son assemblée générale du 25 mai 1887, le Président du Syndicat, Florens Walbaum déclare souhaiter que ce genre d’association ne se limite pas à la ville de Reims et assure que le Syndicat accordera « sa sympathie et son concours » aux mutuelles qui se constitueraient ailleurs dans le département. Par la suite, deux commissions paritaires voient le jour en 1919, l’une à Reims, l’autre à Épernay, car chaque localité se différencie par ses salaires et avantages sociaux. La Maison Moët & Chandon, obtient même la médaille d’or à l’exposition universelle de 1900 en y présentant l’ensemble de ses activités sociales : service médical gratuit, aides financières aux malades, aides aux familles, logements, prêts sociaux, jardins, assistance juridique, retraite... Dès cette époque, les salariés (vignerons, cavistes et employés de bureau) bénéficient déjà d’un statut social envié des autres travailleurs.