UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Michel Mohrt

Littérature générale (1971)

Grand Prix de Littérature
de l’Académie française 1983

DEUX INDIENNES À PARIS

Le narrateur et Jessy, jeune Américaine du Kentucky, sont en wagon-lit dans le Paris-Nice.

On frappa à la porte. C’était le garçon qui apportait une demi-bouteille de champagne.

- Oh ! s’écria Jessy, elle est trop petite pour passer la nuit avec nous. Il faut la renvoyer se coucher.

- Sa sueur aînée, s’il vous plaît, dis-je au garçon.

A Paris, le narrateur vient chercher Jessy pour l’emmener dîner chez Maxim’s.

- Ma robe te plaît ? dit-elle en marchant dans le salon comme un mannequin de maison de couture. J’ai encore de la fièvre, je le sais. C’est exaspérant !... Cela ira mieux quand j’aurai pris quelques verres. Oh ! ce soir je veux m’amuser. Je ne veux boire que du champagne.

Ils cherchent un taxi. N’en trouvant pas, le narrateur fait entrer Jessy dans un café, pendant qu’il se rend à la prochaine station.

Un quart d’heure plus tard, je retrouvai Jessy, debout devant le bar, buvant une fine.

- C’est la deuxième, dit-elle, j’allais en commander une autre. Tu as failli me retrouver ivre.

- Je croyais que tu ne voulais boire que du champagne.

- C’est de la fine champagne.

Chez Maxims.

- Commande du champagne, la bouteille est vide. Oh ! que je m’amuse ! Je suis heureuse. Je pourrais sortir ainsi tous les soirs. [...]

- Tu aimes cette vie ?

- Mais oui ! J’aime les lumières, le champagne. [...]

- Tu t’éloignes de plus en plus du Kentucky.

- J’y reviendrai toujours assez tôt, dans le Kentucky. Mais parfois, il me manque.

- Mais tu préfères le champagne au mint-julep.

- Le maître d’hôtel nous oublie. Dis-lui de remplir ma coupe 1, que je puisse boire à ta santé.

1971

1. De nos purs, au Maxims, ce n’est plus dans des coupes que l’on sert le champagne, mais

dans des "verres à champagne".