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Bouchage et museletage

Le rôle du bouchon est absolument primordial, car il est le gardien de la qualité du vin. Le bouchage doit être aisé et régulier afin d’assurer une étanchéité parfaite. Le débouchage doit se faire sans effort, mais avec tout de même une certaine retenue. Le bouchon une fois sorti du goulot doit prendre la forme d’un champignon. Afin de retrouver toutes ces qualités, les Maisons de champagne utilisent le liège comme unique matériau pour la constitution de ces bouchons [1].

Il est nécessaire d’attendre près de quarante-cinq ans avant de pouvoir retirer d’un chêne-liège la première couche d’écorce utilisable pour la fabrication des bouchons, soit trente-cinq ans avant d’enlever la première écorce, inutilisable car trop crevassée, puis encore dix autres pour que l’écorce de reproduction atteigne une épaisseur suffisante pour être utilisée.

Cela est vrai pour tous les bouchons de liège. À partir de là, le bouchon de champagne se distingue car la nature même de ce vin lui impose de très sévères contraintes. Il doit supporter une pression de l’ordre de 5 à 6kg/cm². Près de trois fois la pression moyenne des pneus d’une voiture. Pour assurer cette résistance, leur diamètre initial doit être de 31 mm, soit 13 mm de plus que le diamètre du col interne de la bouteille ! Et c’est bien là que le bât blesse : perforer dans une écorce de liège des cylindres d’un tel diamètre est quasi impossible.

Il faudrait, en effet, attendre extrêmement longtemps que l’écorce soit suffisamment épaisse... or, plus le liège vieillit sur l’arbre, plus il perd en qualité et risque de comporter des fissures.

Deux à trois rondelles de liège à la base du bouchon

Toutes ces raisons ont rendu obligatoire la mise au point d’un procédé original. Pour réaliser ce cylindre de 31 mm de diamètre, plusieurs morceaux de liège sont concassés - la granulométrie est contrôlée avec précision - et agglomérés avec une colle très particulière dont la mise au point décida de l’adoption définitive du bouchon aggloméré. Celle-ci devait résister à l’humidité, à la compression et à la torsion latérale ! A l’une des bases du cylindre, celle qui sera en contact avec le vin, deux rondelles de liège naturel, sélectionné avec le plus grand soin, d’un diamètre de 31 mm et d’une hauteur de 4 mm, sont superposées et collées.

« Le nombre et les dimensions de ces rondelles sont spécialement pensés pour que la répartition des masses dans le bouchon soit adéquate », souligne Marc Sabaté. Le plus étonnant est que la fabrication de ces bouchons continue de faire l’objet de recherches et d’améliorations. II y a encore cinq ans, ils étaient trempés pendant près d’une heure dans de l’eau chaude afin de pouvoir être introduits dans les bouteilles. Aujourd’hui, on utilise du silicone alimentaire. Il présente la caractéristique de favoriser la glisse lors d’un effort dynamique et de devenir collant à l’état statique.

Cela est doublement malin et a permis, d’une part, d’augmenter les cadences de bouchage et, d’autre part, de diminuer les déperditions de gaz ou de liquide en créant une surface d’adhérence entre le verre et le liège.

Le bouchon de liège ne doit pas avoir une hauteur de plus de 48 mm, un diamètre de plus de 31 mm et une force de rupture de plus de 25 kg F. Il se compose d’une partie supérieure en granulés de liège aggloméré, le "manche", et, pour la partie inférieure en contact avec le vin (ou "miroir") de 1, 2 ou 3 rondelles de 6 mm de liège naturel, plein et souple.

Le bouchon doit porter l’appellation "Champagne" sur le pourtour de la partie insérée dans le goulot ainsi que, éventuellement, le millésime. Souvent, soit le nom du producteur, soit une petite étoile à cinq branches avec une longue queue figurent en dessous, pour célébrer le "vin de la comète", d’après la comète aperçue en 1811 lors d’une récolte particulièrement abondante, ou pour fêter Noël, époque éminemment propice à la consommation des vins effervescents de Champagne.

Le liège étant un produit naturel, chaque bouchon est unique, mais il peut aussi être à l’origine du défaut que l’on peut trouver à un vin effervescent de Champagne : le "goût de bouchon". Rien ne semble pouvoir en préserver certaines cuvées, si ce n’est de tester et d’agréer les lots après les avoir contrôlés statistiquement. Toutefois, la technique permet aujoud’hui d’espérer l’éradication totale de ce problème [2].

La société Cortex a en effet récemment mis à l’étude ce qu’elle nomme un "préserveur de déviations sensorielles". Il s’agit d’une pièce en silicone qui serait installée sur la face du bouchon en contact avec le vin, et qui éviterait à la fois les goûts de bouchons et les bouteilles couleuses. Encore à l’essai, ce projet ouvre de grands espoirs.

Jusqu’à ces dernières années, les matériaux de silicone ne bénéficiaient pas des avantages spécifiques du liège qui, bien que hermétique, laisse passer une micro oxygénation indispensable à l’évolution du vin. Il existe de nos jours de nouveaux matériaux en polyéthylène qui répondent parfaitement à cette exigence et se révèlent donc qualitativement équivalent au liège.

Pour ramollir la subérine, matière résineuse du liège sensible à la chaleur, les bacs de trempage sont peu à peu abandonnés pour des systèmes de réchauffement et d’assouplissement par courant d’air chaud ou par passage au four à micro-ondes : c’est le "bouchage à sec".

Les bouchons amollis sont mis en place par compression (réduction du diamètre à 17 mm environ), enfoncés dans le col de la bouteille sur la moitié de leur longueur, puis écrasés en forme de champignon pour recevoir le muselet.

Remarque : la réglementation européenne, applicable pour tous les vins mousseux comme pour le champagne prévoit le bouchage des bouteilles par un bouchon champignon en liège ou tout autre matière admise au contact des denrées alimentaires.

Le bouchon de liège n’est donc pas obligatoire mais il est toujours utilisé en Champagne sauf pour certains petits quarts.

Le muselet est constitué d’une "cage" métallique en fil de fer et d’une plaque en métal portant le nom du producteur. Posée sur le bouchon, la plaque est serrée autour de celui-ci, pour empêcher qu’il ne saute sous l’effet de la pression. Les plaques souvent décorées servent ainsi l’image de marque des Maisons et protègent le bouchon du muselet.
Le muselet est distribué et posé automatiquement par une machine pneumatique, la "museleteuse".

Notes

[1Le bouchon de liège est né avec le champagne. C’est au début du XVIIIe siècle, en mettant au point le processus de champagnisation, que Dom Pérignon, le célèbre moine bénédictin français, s’aperçoit que les bondons de bois, enveloppés de feuilles de chanvre huilées, utilisés pour fermer les bouteilles, sautent régulièrement sous l’effet de la pression. II pense alors à les remplacer par du liège, dont il a découvert les extraordinaires propriétés élastiques en Catalogne, et marque ainsi le début d’une nouvelle ère.

[2Bouchons de qualité contrôlée
Tout producteur ou fournisseur de bouchons de champagne doit adresser une demande d’évaluation de tous les composants utilisés pour la fabrication de ses bouchons. Ils sont analysés en laboratoire (CTCPA) et ce n’est qu’après agrément officiel seulement (CIVC) que les bouchons peuvent être vendus aux Vignerons et Maisons de Champagne.