UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

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Jean-François Marmontel

Littérature générale (1761)

LE PHILOSOPHE SOI-DISANT

Clarisse invite à sa maison de campagne Ariste, qui se dit philosophe mais est en réalité un coureur de dot.

« Je suis philosophe aussi, telle que vous me voyez.

— Vous, madame ! et de quelle secte ? stoïcienne ? épicurienne ?

— Oh ! ma foi, le nom n’y fait rien. J’ai dix mille écus de rente, je les dépense gaiement ; j’ai de bon vin de Champagne que je bois avec mes amis ; je me porte bien ; je fais ce qui me plaît, et laisse vivre chacun à sa guise. Voilà ma secte. [...] Cet entretien les ramena au château, comme on annonçait le soupé.

Ariste parut plongé dans des réflexions sérieuses : il balançait les avantages et les inconvénients qu’il y aurait à épouser la présidente, et calculait combien une femme de cinquante ans pouvait vivre encore, en sablant tous les soirs sa bouteille de vin de Champagne. [...]

— Adieu, philosophe : j’ai besoin de repos. [...] Elle accompagna cet adieu d’un coup d’œil passionné où pétillait le vin de Champagne.

1761
Contes moraux

MÉMOIRES

Marmontel est invité par Mlle de Navarre, danseuse de l’Opéra dont il est amoureux, à venir la retrouver en Champagne.

« Voulez-vous, me dit-elle, travailler en paix, à votre aise, et sans distraction ? [...] Je pars demain pour Avenay ; j’y serai seule, jusques après les vendanges. Dès que j’aurai tout arrangé pour vous y recevoir, venez m’y joindre. Il y aura bien du malheur, si, avec moi et d’excellent vin de Champagne vous ne faites pas de beaux vers. »

Marmontel accepte d’enthousiasme.

Les jours d’orage, comme elle avait peur du tonnerre, il fallait ou dîner, ou souper dans ses caves : et, au milieu de cinquante mille bouteilles de vin de Champagne, il était difficile de ne pas s’échauffer la tête.

Marmontel est rentré à Paris.

Favier était noyé de dettes ; mais comme il avait encore ce jour-là crédit chez le marchand de vin, le boulanger et l’écaillère, il nous donnait des huîtres et du vin de Champagne aussi amplement et aussi gaîment que s’il avait été dans l’opulence.

1805
Œuvre posthume