Au-rez-de-chaussée se trouvait le Bureau des Commissaires sportifs avec ses dactylographes, une petite imprimerie pour les circulaires, puis un poste central de téléphonie d’où partaient une quinzaine de lignes.
De leur plateforme supérieure, les Commissaires étaient en relations par téléphone avec tous les postes et en particulier avec chacun des six pylônes marquant les virages où s’effectuait un contrôle de tous les passages.
C’est dans la loge entièrement vitrée du premier étage que se tenaient les quatre chronométreurs et quinze comptables qui notaient au 1/5 de seconde le temps du passage de chaque concurrent. Comme il y eut un jour 17 appareils en l’air en même temps, on se rend compte du travail affolant que ces infortunés eurent à fournir.
Quant aux mâts de signaux qui avaient suffit l’année précédente à renseigner la foule, ils étaient constamment surchargés d’un tel bariolage de signes que j’avoue que moi-même j’avais peine à les lire. De plus, les chronométreurs affolés ne pouvaient nous donner aucun chiffre et c’était au personnel des signaux à pointer, tant bien que mal, les tours d’un concurrent lorsque celui ci paraissait devoir menacer un record du monde.
La tâche fut également fort rude pour les trois Commissaires sportifs délégués par l’Aéro-Club de France : MM. le Comte de Castillon de Saint-Victoir, Paul Rousseau, Surcouf. Ce fut ce dernier qui assuma la lourde de charge de surveiller sans cesse pendant ces longues journées les évolutions des concurrents acharnés, entraînés par le désir de vaincre, souvent peu maîtres de leurs manœuvres, et qui cependant devaient observer certaines règles précises pour ne pas se causer réciproquement des accidents qui pouvaient si facilement devenir mortels. Aucun appareil devait voler à contre-piste ; de plus, pour en dépasser un autre, il devait passer à droite à une distance de 25 mètres ou au-dessus à 50 mètres. Ce fut cette dernière prescription qui fut le plus souvent violée, souvent involontairement. Aussitôt amende était infligée au délinquant.
C’est la petite scène que représente cette photographie. Cattanéo vient de descendre de son appareil, un Blériot dont on aperçoit à gauche le fuselage et le gouvernail. Il trouve son « commissaire sportif adjoint » qui lui remet notification d’une amende et lui en fait signer reçu. Il fallait, en effet, une organisation toute spéciale pour pouvoir rester en communication constante avec chaque concurrent, au milieu d’une foule de plusieurs milliers de personnes. A chaque aviateur était donc attaché ce que nous appelions un commissaire sportif adjoint, recruté parmi les amateurs de sport de notre ville. Ce commissaire était muni d’un carnet sur lequel il devait noter les heures de départ et de rentrée de son concurrent, ce qui établissait un premier contrôle du chronométrage. De plus, il se tenait généralement à son hangar, de sorte que la communication était assurée en permanence avec les hommes volants. Plusieurs de ces dévoués n’eurent d’ailleurs pas une minute de répit avec des enragés tels que Olieslagers, qui guettait toujours l’instant favorable pour totaliser quelques kilomètres de plus. D’autres, par contre, se promenèrent tranquillement pendant toute la semaine, munis de leur brassard et n’assistèrent jamais à un seul départ de leur homme qui travaillait mélancoliquement avec ses mécaniciens. Ah ! c’est comme cela dans la vie !.... J’ai dit ailleurs comment, à mon avis, le nombre exagéré des concurrents enlevait de l’intérêt à nos épreuves. Surtout il rendait impossible tout dépouillement des résultats avant 10 heures du soir et le public restait fatalement dans une ignorance presque complète au cours de la journée.