A la lumière de la biochimie, nous découvrons que pratiquement tous les composants du champagne se parent d’une adorable robe de bal parfumée pour célébrer la fête.
Les effluves du bouquet se révèlent somptueux, enchanteurs, étincelants. Ils s’élèvent dans l’air, quand éclatent les bulles pétillantes. D’autres molécules odorantes restent dans le vin, se combinent avec les composants tanniques en attendant d’agir lors de la dégustation.
La muse de ces senteurs enchanteresses a inspiré au poète ce chant suave :
Il est des parfums frais comme les chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d’autres corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies.
Baudelaire
Dans l’ensemble, on distingue parmi les effluves floraux du champagne :
En effet, l’intensité d’une sensation gustative et olfactive ne dépend pas de la concentration de l’arôme en phase liquide, mais de la tension de vapeur qu’il soulève à la surface des récepteurs au niveau de la langue et de la muqueuse nasale.
Pour un composant donné, le spectre des nuances odorantes est quasi infini. La même molécule peut engendrer une gamme incroyable de senteurs suivant sa concentration, ses vibrations ainsi que ses rapports en présence des diverses substances rencontrées au hasard dans le tourbillon rythmé par les bulles chantant à la surface du vin.
Nous savons néanmoins que le rôle des acides organiques consiste essentiellement à initier certains précurseurs en vue d’engendrer des molécules odorantes. Les acides mucique et glyoxylique par exemple captent des ions d’hydrogène, se conjuguent ensuite aux ions d’eau et de méthane pour synthétiser les acides phénols, matière première des phénols-oxydases, enzymes chargées de bâtir plusieurs variétés d’arômes.
La grande majorité de ces artistes, tels les acides laurique, adipique, glycolique, citromalique… n’existent qu’en quantité infinitésimale. Cela ne signifie point qu’ils soient moins compétents dans la genèse du bouquet. Leur teneur varie certes au gré de l’ensoleillement de l’année. Le rapport pourrait augmenter de 1 à 7 si les trois derniers mois précédant la vendange était bénis par l’astre du jour.
Ces composants aromatiques se comportent comme les notes centrales d’une symphonie, des arias suaves que le champagne superpose et juxtapose suivant l’inspiration du vigneron, la maturation des cépages, la personnalité du terroir, les caprices du ciel…
A côté de ces effluves de base représentant le dénominateur commun de toutes les marques de champagne, il convient d’ajouter bien d’autres constituants aromatiques instables caractérisant l’âme de chaque terroir. Ils n’existent qu’à l’état de traces, se distinguent par leur furtive volatilité. Leur charme éphémère et leur concentration aussi variable que variée rendent leur détection difficile.