Textes : Eric Glâtre (Docteur en Histoire)
(en collaboration avec Michel-Jean Hanser-Schaffhauser )
Sources : Thèse de doctorat en droit (et bibliographie)de Monsieur Roger HODEZ ancien Directeur de l’U.M.C publiée aux presse universitaires de france en 1923 et disponible
- à la bibliothèque Carnégie de Reims
Du roi soleil au roi des vins l’appellation "Champagne" ne doit rien au hasard !
La lourde bouteille endimanchée au bouchon muselé ne sort pas du néant. Habillée de son étiquette et de sa collerette, coiffée d’étain et alignée comme un soldat de revue dans les vitrines les plus prestigieuses, elle est toujours là pour livrer la bataille d’une fête, prête à ouvrir les amabilités par une joyeuse détonation, ou un soupir léger pour ceux qui préfèrent. On sait sans y penser qu’elle est le fruit d’un terroir et le produit d’anciens et savants métiers viti-vinicoles, mais on connaît mal son histoire et celle des conflits et des lois qui l’ont faite.
Si le Champagne est devenu la bouteille d’or, symbole du luxe, du succès et de l’amour, il fut autrefois l’enjeu de luttes. Ces luttes furent même la forge qui lui permit d’acquérir son identité légale, son statut. Le vin rouge ou gris d’Hautvillers, d’Aÿ et d’Avenay qu’aimèrent, ensemble ou tour à tour, Léon X, Charles-Quint, François Ier, Henry VIII et Henri IV entre autres, et qui devint à la fin du XVIIème siècle un vin blanc et pétillant, ne doit pas à ses seules qualités, si rares soient-elles, d’être aujourd’hui le produit par excellence, et même le symbole, de la consommation heureuse.
Le vin surprise de la Cour du Roi-Soleil n’est pas devenu dans notre société, par une sorte de chance, le vin du faste familial, mondain, marchand ou sportif. Le Champagne n’est pas seulement plaisir partagé, il est aussi aventure.
Ceux qui l’élaborent (on pourrait dire : ceux qui le servent) le savent mieux sans doute que ceux qui se contentent de le consommer : l’aventure du Champagne est la leur, et celle de leurs pères. Son récit vaut d’être conté.