Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Le Congrès de Vienne fixe le cadre d’un nouvel ordre européen. Il décide du rattachement de la Belgique à la Hollande, formant le royaume des Pays-Bas et de la création du royaume de Piémont-Sardaigne en Italie. Il accorde des gains territoriaux à la Russie en Pologne, à la Prusse en Allemagne, à l’Autriche en Italie et à l’Angleterre dans les possessions coloniales des Antilles et de l’océan Indien.
Le Congrès de Vienne fait également beaucoup pour la propagande du vin mousseux de Champagne.
Cent quarante-trois négociateurs et les importantes délégations qui les accompagnent, représentant l’élite européenne du temps, boivent du vin mousseux de Champagne aux festivités qui sont multiples car, comme le dit le prince de Ligne : « Le Congrès ne marche pas, il danse ».
Il faut lire à ce sujet les souvenirs du comte de Lagarde-Chambonas. Dans ses Souvenirs du Congrès de Vienne, il écrit qu’il alla « s’asseoir au milieu d’une vingtaine de convives pour aller achever ensemble cette joyeuse soirée... dans l’effervescence de la gaieté du vin de Champagne », et il ajoute qu’il soupa en compagnie des deux princes de Bavière, aux tables voisines de celles du comte Potocki et du prince Esterhazy, et qu’ensemble « on se porta des santés, on fit assaut de bons mots, l’esprit pétillait comme le vin de Champagne ».
Ainsi, Russes, Français, Polonais, Anglais, Suisses, Rhénans, Autrichiens, Bavarois, Hollandais, Suédois, Piémontais, Siciliens, Danois, Saxons, Norvégiens, etc., aux intérêts souvent divergents, en butte aux difficultés des tractations politiques dont dépend l’avenir des Nations européennes, s’accordent sur un point : le vin mousseux de Champagne.
Publication de la Charte limitant le pouvoir royal.
Premier Traité de Paris : la France est ramenée à ses frontières de 1790.
Septième voyage de Louis Bohne, à destination de la Russie, alors que Reims est occupée par les troupes russes.
Dès avant la cessation du blocus maritime anglais, Madame Clicquot réunit à envoyer un premier chargement de 10.550 bouteilles de vin de Champagne, qui appareille du Havre le 6 juin à destination de Saint-Pétersbourg sur le Les Gebroders, navire hollandais de 75 tonneaux sous les ordres du capitaine Cornélis.
A Königsberg où le bâtiment fait escale et à Saint-Pétersbourg, la clientèle est au rendez-vous. On se « bat » pour acheter les vins de Madame Clicquot, les prix sont à la hausse et dépassent toutes les espérances. Le 2 août, la cargaison est totalement « liquidée ».
Louis Bohne écrit à Madame Clicquot : « De tous les vins ayant déjà lutiné les têtes septentrionales, il n’en est pas un pareil à la cuvée Clicquot 1811. Délicieux au goût, c’est un assassin, probablement l’Empereur Alexandre se le passera par le ventre ! ».
Chargée de 12.780 bouteilles de vin de Champagne, La Bonne Intention appareille de Rouen à destination de Saint-Pétersbourg, le 10 août, le jour même où Madame Clicquot apprend la levée de l’interdiction d’importation des vins en bouteilles en Russie. Là encore, la cargaison est vendue dans les plus brefs délais.
La fin de l’année 1814 marque le début d’un commerce avec la Russie qui ira grandissant jusque dans les années 1870.
Louis XVIII entre dans Paris, après avoir fait la veille la Déclaration de Saint-Ouen par laquelle il promet au pays une monarchie constitutionnelle.
Le Traité de Fontainebleau institue Napoléon Ier souverain de l’île d’Elbe où il s’installe, après avoir fait ses adieux à la Vieille Garde.
Sitôt le Traité de Fontainebleau signé, Athanase-Louis-Emmanuel Hennequin, comte de Villermont fait expédier : « […] trois douzaines de vin tranquille de 1812 et trois de crémant de 1806 à l’intention de John Doyle, gouverneur de Jersey, six douzaines de crémant de 1811 à Robert Cowan and Co de Guernesey et quatre duzaines de vin de champagne tranquille de 1812 à madame Dougal à Guernesey également, pour 5 shillings la bouteille de vin, pétillant ou non, et quelle que soit l’année. »
La Première Restauration.
Le Sénat institue un gouvernement provisoire et proclame la déchéance de Napoléon Ier qui abdique en faveur du roi de Rome, puis sans condition.
Capitulation de Paris, où les armées alliées font leur entrée.
Tandis que l’armée de Bohême, commandée par le prince autrichien von Schwarzenberg, écrase des détachements menés par les maréchaux Marmont et Mortier entre Sommesous et Fère-Champenoise, l’armée de Silésie, sous les ordres du général prussien von Blücher est battue à Saint-Dizier le lendemain par les dernières troupes de Napoléon Ier.
Défaite de Napoléon Ier à Torcy-le-Grand, en amont d’Arcis-sur-Aube.
Alors qu’il regagne Paris avant sa première abdication, Napoléon Ier s’arrête pour la dernière fois à Épernay et remet àJean-Rémy Moët la croix de la Légion d’Honneur qu’il porte sur la poitrine.
Constant, premier valet de chambre de l’Empereur note dans ses Mémoires sur la vie privée de Napoléon Ier :
« De Rheims, nous nous dirigeâmes sur Épernay, dont la garnison et les habitants venaient de repousser l’ennemi […] Sa Majesté, pour témoigner aux habitants d’Épernay sa satisfaction pour leur belle conduite, les récompensa dans la personne de leur maire en lui donnant la croix de la Légion d’Honneur. C’était M. Moët, dont la réputation est devenue presque aussi européenne que la renommée du vin de Champagne. »
Dans son Manuscrit de Mil Huit Cent Quatorze trouvé dans les voitures impériales prises à Waterloo, le Baron Fain raconte en détail cette étape :
« Napoléon arrive de bonne heure à Épernay ? il descend chez M. Moitte (Jean-Rémy Moët), maire de la ville. […] »
« Les bons habitants d’Épernay avaient défoncé leurs cachettes pour faire accueil à l’armée : pendant quelques heures, le vin de Champagne fait oublier aux soldats leurs fatigues et aux généraux leur inquiétude. »
Dans ses Lettres à Fanny, le général Bertrand raconte ce jour : « Le prince de la Moskowa est entré hier à Châlons, il paraît que les Prussiens étaient insatiables, ce qu’ils buvaient de champagne on ne peut le concevoir. »
Jean-Baptiste Ponsardin accueille Napoléon Ier pour trois nuits, dans sa belle maison du numéro 18 de la rue de Vesle, à Reims.
François Jean Irénée Ruinart accueille pour la nuit Napoléon Ier, accompagné du maréchal Ney, dans son château du Grand Sillery.
Reprise de Reims par les troupes du général Corbineau.
Pacte de Chaumont entre les puissances alliées.