Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Depuis longtemps, on essayait de remédier à la graisse du vin (anomalie de la vinification faisant le désespoir des vignerons) en introduisant dans le vin gâté une liqueur de baie de sureau, la « teinte de Fismes ».
Le pharmacien Jean-Baptiste François aperçoit dans le vin traité des filaments blancs, dont on peut se débarrasser par décantation. Il assure que le principe actif de la « teinte de Fismes » est le tannin. Par la suite, il utilise la noix de galle, qui ne colore pas le vin.
Félix-Désiré Delbeck liquide les participations dans la finance reçues de son père, pour acquérir des vignes sur la Montagne de Reims et dans la Côte des Blancs, installer caves et celliers à Reims et fonder la maison de négoce en vins de Champagne, Delbeck et Cie. Grâce au talent de son maître de chais, Louis-Ferdinand Vasnier, il produit de suite des vins superbes que les amateurs se disputent très vite.
Dans l’édition de 1832 de sa Topographie de tous les vignobles connus, André Jullien ajoute à la deuxième classe de sa classification de tous les vins de France : Épernay (les vignes du « Clozet » restant en première classe) et Saint-Martin-d’Ablois, et à la cinquième Vinay, tandis qu’Oger descend à la troisième où monte Grauves.
La Chambre de Commerce de Reims estime à 300.000 hectolitres les vins rouges médiocres de la Marne qui ne méritent pas le transport, à 120.000 hl les vins rouges de qualité et à 60.000 hl les vins blancs, dont la moitié au moins est transformée en vins mousseux.
Les Etats-Unis et le Canada, ensemble, sont le troisième importateur de vins mousseux de Champagne, avec 400.000 bouteilles.
Grave épidémie de choléra à Paris : 18.500 morts, dont le ministre Casimir Périer, le général comte Lamarque, etc.
Troubles légitimistes : échec du complot dit « de la rue des Prouvaires », pour établir le duc de Bordeaux, fils du duc de Berry (futur « Henri V »), sur le trône. La duchesse de Berry suscite quelques troubles en Vendée, avant d’être arrêtée à Nantes.
Premier ministère du maréchal Nicolas Jean de Dieu Soult.
Echec d’un soulèvement républicain commencé à l’occasion des obsèques du général comte Lamarque.
Auguste-Marie de Saint-Marceaux, négociant en vins de Champagne, est maire de Reims.
A la mort de Nicolas-Henri Schreider, son neveu Louis Roederer lui succède, donne une nouvelle raison sociale à son commerce, en le baptisant « Louis Roederer » et appelle auprès de lui son frère Eugène, pour le seconder.
Au décès du chevalier Nicolas-Louis Delamotte, fils du fondateur François Delamotte, Jean- Baptiste Lanson, associé de Nicolas-Louis Delamotte depuis 1828, préside avec sa veuve aux destinées de la maison qui est devenue entre-temps Louis Delamotte Père et Fils.
Dans la 1re partie du 2e volume de son Histoire de France, Jules Michelet trace le tableau dans lequel prospère le vin mousseux de Champagne :
« Ici, dans cette naïve et maligne Champagne, se termine la longue ligne que nous avons suivie. […] Dans cette zone vineuse et littéraire, l’esprit de l’homme a toujours gagné en netteté, en sobriété. […] Sur ces plaines blanches, sur ces maigres coteaux, mûrit le vin léger du Nord, plein de caprices et de lubies. A peine doit-il quelque chose à la terre ; c’est le fils du travail, de la société. »
Toutefois, si le travail des vignerons et des négociants est pour beaucoup dans la réussite du vin mousseux de Champagne, celui-ci ne serait pas ce qu’il est, s’il n’y bénéficiait pas d’un milieu qui lui est somme toute propice.
Dans A History and description of Modern Wines, Cyrus Redding écrit que « les vignes à champagne valent à l’hectare 5.000 francs, mais on en achète jusqu’à 24.000 francs ».
Inspirateur du christianisme social et du libéralisme catholique, Frédéric Ozanam fonde la société de Saint-Vincent-de-Paul.
Lorsque Jean-Rémy Moët se retire des affaires, la maison qu’il laisse à son fils Victor Moët-Romont et à son gendre Pierre-Gabriel Chandon de Briailles, devenu son associé depuis 1816, prend le nom de « V. Moët & Chandon-Moët », puis très vite celui qu’elle porte encore aujourd’hui « Moët & Chandon », inaugurant ainsi une marque qui « deviendra bien avant la fin du siècle familière dans tout endroit du monde civilisé ».
Installé depuis 1805 au château de Mareuil- sur-Aÿ, Napoléon-Auguste Lannes de Montebello, fils aîné du célèbre maréchal, qui trouva une mort glorieuse à la bataille d’Essling, s’associe avec deux de ses frères, le marquis Alfred, qui sera député du Gers, et le général comte Gustave, pour fonder la maison de négoce en vins de Champagne Montebello, propriété depuis 1936 de la maison Ayala et Cie.
Henri-Louis Walbaum, autre neveu de Florens-Louis Heidsieck, fonde avec son cousin et beau-frère Pierre-Auguste Heidsieck, la maison Walbaum, Heidsieck et Cie, qui, après plusieurs changements de raison sociale, deviendra en 1923 la maison Heidsieck et Cie Monopole.
Auguste Boizel et son épouse Julie Martin, dont les aïeux travaillaient déjà leurs vignes à Cumières et Aÿ au XVIIème siècle, décident de créer leur propre maison de négoce en vins de Champagne, et s’installent rue Saint-Rémy, à Épernay. A ses débuts, le jeune couple commercialise ses vins pour partie sous la marque « Boizel », pour partie auprès de plusieurs grands négociants.
En Algérie, le traité Desmichels reconnaît, sur la province d’Oran, la souveraineté d’Abd-el-Kader, émir des tribus de Mascara, qui remporte l’année suivante la bataille de Macta.
Quadruple-Alliance conclue à Londres entre la France, l’Angleterre, la Belgique et l’Espagne, pour garantir l’indépendance de la Belgique et maintenir les droits au trône d’Espagne de la reine Isabelle, contestés par les Carlistes.
Séjour londonien de Charles Perrier, fils cadet de Pierre Nicolas Perrier, fondateur de la maison Perrier-Jouët et Cie, pour maîtriser la langue anglaise.
Rejoint par son père en mars, les deux hommes effectuent un long périple commercial en Ecosse et en Irlande, avant de regagner Épernay.
Ministère du maréchal Etienne Gérard.
Henri Jean François Christian Heidsieck, neveu de Florens-Louis Heidsieck, dont il était l’associé jusqu’à sa mort en 1828, conserve la marque « Heidsieck ». Il prend trois assistants : Henri-Guillaume Piper, petit-neveu de Florens-Louis Heidsieck, Christian Frédéric Walbaum, un cousin, et Jacques-Charles Théodore Kunkelmann, un voyageur de commerce trilingue en charge des marchés extérieurs, lui-même cousin de Henri-Guillaume Piper, pour l’aider au développement de la nouvelle maison Heidsieck et Cie.
Auguste Ruinart de Brimont s’associe à son beau-frère Antoine Aloÿs de Muller, à la tête de la maison Vander Veken, puis lui confie rapidement les rênes d’une affaire prospère et ambitieuse.
Chef de caves chez Madame Veuve Clicquot-Ponsardin, durant plus de vingt ans, l’homme a non seulement su développer un sens aigu de la dégustation et une surprenante aptitude au mélange subtil des différents crus qui entrent dans la composition d’une cuvée, mais il est devenu au contact de la célèbre Veuve un redoutable commercial rompu à toutes les vicissitudes et embrouilles des marchés.
Ministère du duc Albert de Broglie.