Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Au décès de Gaëtan de Venoge, sa veuve, née Marie Papelart, lui succède à la tête de la maison De Venoge et Cie, secondé par leur gendre le marquis Adrien de Mun.
Homme de communication, issu d’une des plus grandes familles françaises, le marquis Adrien de Mun lance la marque « De Venoge » auprès de la plus haute société parisienne. C’est notamment grâce à lui que Sarah Bernhardt devient une fidèle cliente de la maison, mais aussi la comtesse de Ségur ou la princesse de Ligne.
La maison De Venoge et Cie fait alors partie du cercle restreint des négociants-manipulants vendant plus d’un million de bouteilles par an.
La Cour de Cassation accepte la révision du procès Dreyfus.
Accusé d’avoir fabriqué de faux documents défavorables au captaine Dreyfus, le colonel Henry se suicide en prison.
Arrivée à Fachoda (Soudan) de la mission française du commandant Jean-Baptiste Marchand, qui a traversé toute l’Afrique d’Ouest en Est, pour devancer la progression Nord-Sud des Britanniques sur le Haut-Nil.
Rejoint en septembre par l’expédition britan nique du général Horatio Herbert Kitchener, qui vient de vaincre les forces mahdistes à Omdourman, le commandant Marchand refuse d’évacuer Fachoda, créant une vive tension franco-anglaise.
Théophile Delcassé, le ministre français des Affaires étrangères s’incline. Ordre est donné au commandant Marchand d’évacuer Fachoda, malgré la campagne de presse des nationalistes français, déjà rendus furieux par l’affaire Dreyfus.
Fondation de la Ligue française pour la Défense des Droits de l’Homme, par le sénateur Ludovic Trarieux, qui regroupe les partisans de l’innocence du capitaine Alfred Dreyfus.
Constitution d’une société en nom collectif dénommée « Ayala et Cie », destinée à assurer l’exploitation commerciale du champagne de Ayala du château d’Aÿ.
Réalisées au scrutin uninominal d’arrondissement à deux tours, les élections à la Chambre des Députés enregistrent 24 % d’abstentions et ne dégagent pas de majorité nette. Trois grands blocs se retrouvent en présence : la gauche, avec 235 élus (57 socialistes, 74 radicaux-socialistes, 104 radicaux) ; les républicains modérés ou « progressistes », avec 254 élus ; la droite, avec 98 élus (dont 44 monarchistes).
Dans le Vigneron Champenois, Etienne Guigneux, un négociant en vin établi à Orstoff, s’indigne du frein imposé au commerce du vin de Champagne en Russie, par la hausse des droits de douane :
« Je me rappelle de ce temps (avant 1880) où je vendais au détail à Pétersbourg les marques authentiques de Roederer, Clicquot, Heidsieck, 2 roubles 80 la bouteille. A cette époque, ces maisons expédiaient annuellement près de cinq cent mille bouteilles chacune sur le marché russe. […] Combien les temps ont changé ! C’est parce qu’il faut payer maintenant 5 roubles 50 le Champagne […]. A qui la faute ? Aux droits d’entrée ! »
Par lettre datée du jour, le Grand Maître de la Cour de Bavière annonce à André Ruinart de Brimont sa nomination comme « Fournisseur de la Cour de Bavière ».
Une nouvelle étape de la lutte contre le phylloxera débute avec la création à Reims de l’Association Viticole Champenoise (A.V.C.).
Groupant à l’origine 24 grands négociants propriétaires de vignes, sous la présidence de M. Goulden, elle se donne pour mission « de lutter contre le phylloxera par l’emploi du sulfure de carbone ou tout autre moyen afin de conserver le plus longtemps possible les plants champenois, d’aider le moment venu à la reconstitution du vignoble et de faire des études, des expériences qui s’imposent dès maintenant. »
Emile Zola publie dans l’Aurore de Georges Clémenceau un retentissant pamphlet « J’accus ! » contre les auteurs des faux utilisés par les accusateurs du capitaine Alfred Dreyfus, article dans lequel il condamne la justice militaire après l’acquittement du commandant Esterhazy par le Conseil de Guerre, deux jours plus tôt.
Fondation de L’Action française par Henri Vaugeois et Maurice Pujo, revue dirigée par Charles Maurras (qui se transformera en quotidien, sous l’impulsion de Léon Daudet en 1908).
Les physiciens Pierre et Marie Curie découvrent le polonium et le radium.
Expérience de la télégraphie sans fil (T.S.F.) entre la Tour Eiffel et le Panthéon.
Un dynamisme hors du commun, ajouté à des qualités de vinificateur font remarquer Edouard Brun par un homme d’affaires d’Épernay qui lui fait entière confiance en finançant ses projets, en l’espèce : l’acquisition de bâtiments rue Emmanuel Lemaître à Aÿ, puis de vignes, et la création d’une petite affaire de négoce en vins de Champagne, appelée à devenir en 1924 la maison Edouard Brun et Cie.
Création de la maison de négoce en vins de Champagne H. Germain et Fils, à Rilly-la-Montagne.
Vincent Warris et son père Armand fondent à Avize une petite affaire de négoce en vins de Champagne, appelée à devenir en 1927 la maison Warris et Chenayer.
A la demande des négociants en vins de Champagne de Reims et d’Épernay, M. Verstaete, secrétaire d’ambassade, chargé d’une mission commerciale en Russie, intervient auprès du gouvernement impérial pour que les droits de douane diminuent et soient équivalents aux tarifs pratiqués par l’Allemagne, soit 2 francs par bouteille. La démarche n’aboutit pas, le gouvernement impérial souhaitant ainsi protéger sa propre production de vin mousseux.
Dans la Marne, les superficies contaminées par le phylloxera sont désormais de 38 ha.
La superficie des vignes replantées sur porte-greffes nord-américains atteint 20 ha.
Paul Krug, patron de la maison Krug et Cie, est élu par ses pairs président du Syndicat de Grandes Marques.
Mathieu Dreyfus rend publique une lettre dans laquelle il dénonce le commandant Esterhazy comme l’auteur du bordereau, pièce maîtresse de l’accusation.
Une brochure du journaliste Bernard Lazare dénonce l’erreur judiciaire commise par les juges militaires dans l’affaire Dreyfus.
L’incendie du Bazar de la Charité, à Paris, fait plus de 100 morts.
Trois formes de verres se font concurrence : les flûtes, les coupes et les gobelets (ces derniers n’auront qu’un succès éphémère).
En fait, la coupe est le verre de la petite bourgeoisie, et surtout celui des banquets et des buffets, car elle est pour le service d’un maniement plus aisé que la flûte.
Mais les amateurs la proscrivent ; voici ce qu’on peut lire dans le Vigneron Champenois sous la plume de Frédéric Laurendeau : « On a aussi essayé la coupe ; mais le liquide s’extravase de suite en sortant de la bouteille, et globules (?) et mousse s’éteignent rapidement ; cela ôte au vin une partie de son prestige. La flûte est à notre vin de Champagne ce qu’une robe de Worth est à la Parisienne élégante et jolie ». La haute bourgeoisie ne s’y trompe pas et elle lui est, avec les gourmets, résolument attachée.
Le Conseil municipal de la ville de Châlons-sur-Marne autorise la Société civile du cirque à construire un cirque permanent sur un terrain lui appartenant à l’entrée des allées de Forêts (la durée de jouissance en est limitée à quarante-sept années).
Jules Pascal se lance dans la champagnisation en commercialisant d’abord des vins « en cercles » et « sur lattes » auprès de plusieurs grands négociants. L’affaire passe bientôt entre les mains de sa fille Léonie, épouse de Jules Médot, qui met sur le marché les premières bouteilles de champagne portant son nom, jetant ainsi les bases de la maison de négoce en vins de Champagne Médot et Cie, à Reims.
Dans la Marne, les superficies contaminées par le phylloxera sont désormais de 24 ha.