Restent les mousseux, qui sont un danger certain par leur masse en constante expansion. En 1979, leur production mondiale s’élevait à 1 055 millions de bouteilles (dont 268 pour la seule Allemagne fédérale), en regard d’expéditions se montant à 185 millions de bouteilles pour le champagne. La part de ce dernier dans les vins effervescents n’était donc que de 15 % ; en 1949, elle était encore de 30 %. Certains mousseux, mais c’est le très petit nombre, sont d’excellente qualité et sont alors vendus à des prix qui atteignent presque ceux du champagne. La plupart, très bon marché, sont fabriqués industriellement, on l’a vu, à partir de moûts concentrés ou de vins jeunes de petit mérite ; ils ne peuvent tromper l’amateur éclairé, mais ils deviennent des concurrents sérieux pour le champagne lorsqu’ils usurpent son appellation et sa présentation au profit d’une clientèle seulement sensible au bruit du bouchon qui saute. Dans la plupart des pays le champagne résiste assez bien à l’assaut des mousseux par son pouvoir de suggestion, qui l’impose comme étant seul apte à symboliser la fête. Si parfois il les entraîne dans son sillage, il peut trouver paradoxalement en eux des alliés qui lui amèneront de nouveaux consommateurs, qui passeront du mousseux au champagne lorsque leur fortune le leur permettra. Et, de toute façon, le champagne est bien incapable, avec sa production limitée, de satisfaire tous les amateurs de mousse.