Le champagne voyage sans difficulté, et mieux que les autres vins, on l’a déjà souligné, du fait de sa limpidité constante, de la solidité de ses bouteilles, de l’effet stabilisateur du gaz carbonique. Il peut être bu agréablement dès son arrivée à destination, bien qu’il soit indiqué de le laisser reposer quelques semaines pour qu’il reprenne son complet équilibre. En tout cas, une fois bien emballé, son transport ne nécessite pas de précautions particulières, sauf lorsque le froid descend au-dessous de — 8 ou — 9° centigrades, températures à partir desquelles les expéditions sont suspendues car le vin pourrait geler. Dans les années cinquante, des caisses de champagne ont fait l’objet d’un transport expérimental autour du monde, par voies terrestres et maritimes. L’opération, baptisée Libellule, a duré près d’une année, avec passage sous l’équateur et dans les terres australes, sans que le vin s’en trouve détérioré.
Au chapitre des transports, il faut noter que le champagne est un produit qui tente les malfaiteurs qui n’hésitent pas, pistolet au poing, à arrêter les camions pour en détourner la marchandise. Cette forme de hold-up est heureusement peu fréquente mais des vols par effraction et détournements se sont produits à plusieurs reprises dans les années soixante-dix et quatre-vingt.
Sauf dérogation, toute expédition de champagne destinée à la consommation intérieure donne lieu au paiement d’un droit de circulation. A cet effet, le Service des Impôts délivre un titre de mouvement destiné à accompagner la marchandise, appelé de ce fait document d’accompagnement. Pour le marché intérieur on utilise un congé et pour l’exportation un acquit-à-caution.
Lorsque les droits ont été acquittés à l’avance, le congé est remplacé par une capsule représentative de droit (C.R.D.), ou capsule-congé, pastille de couleur verte sur laquelle figurent la contenance de la bouteille et le nom du fournisseur, et qui est apposée sur la tête de la capsule de surbouchage. Ce système est obligatoire pour les vins destinés à la consommation intérieure et expédiés par les marchands en gros, avec dérogations possibles pour les bouteilles d’une contenance supérieure à 3 1 et inférieure et au plus égale à 25 cl. Le système est facultatif pour les récoltants et les coopératives n’ayant pas la position de marchand en gros. Il peut être admis exceptionnellement pour l’exportation.
Tout envoi destiné à l’étranger doit être accompagné du certificat d’origine délivré par le C.I.V.C. Il est exigé par les douanes françaises et, dans de nombreux cas, par celles des pays étrangers.
En France, le prix du transport du champagne par voie ferrée varie du simple au triple selon la distance à parcourir. Il est en outre inversement proportionnel au nombre de bouteilles transportées. Par la poste, les tarifs sont indépendants du point de destination ; ils sont toutefois moins chers lorsque celui-ci est dans le département dans lequel est faite l’expédition. A l’étranger, les tarifs de transport varient, bien entendu, selon les pays et leur éloignement.