UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Histoire du champagne

Le personnel des vignes et des caves

1. GÉNÉRALITÉS

Les maisons de champagne, mais aussi les coopératives et les récoltants-manipulants, emploient du personnel de valeur, dont l’activité, à tous les échelons, est déterminante pour la production des vins et à qui le champagne doit beaucoup. Il en est ainsi depuis toujours. Parlant de la Champagne, Jullien écrivait déjà en 1813 : Les vins mousseux exigent des soins pour lesquels on trouverait difficilement de bons ouvriers hors de ce vignoble (316). Et en 1861, Odart renchérissait en écrivant : Ajoutons à toutes les causes de la supériorité des Champenois qu’ils sont en possession d’ouvriers exercés et habiles, dont la pratique est éprouvée par l’expérience de plusieurs siècles  [1].
Aujourd’hui, les employeurs sont pleinement conscients du rôle important tenu par leur personnel dans la production des raisins et des vins, aussi ont-ils donné leur accord à des conventions collectives accordant des avantages sociaux appréciables, et souvent supérieurs à ceux offerts par les autres professions, en ce qui concerne en particulier les congés d’ancienneté. Fixés par les commissions paritaires des caves et des vignes, les salaires sont généralement supérieurs de 30 à 50 % à ceux établis d’après le salaire minimum garanti ; ils sont les mêmes pour les hommes et pour les femmes.
Cela est dans la ligne des habitudes sociales que l’on a connues au XIXe siècle et qui faisaient encore écrire en 1910, dans les Annales de la Société historique de Château-Thierry, que dans les maisons de champagne le personnel est parfaitement considéré, que l’ouvrier et l’employé sont de véritables collaborateurs et traités comme tels. En général, les employés et ouvriers du champagne sont attachés aux maisons ou exploitations dont ils font partie et ils y placent volontiers leurs enfants après eux. Dans leur grande majorité ils sont champenois, ce qui présente pour la région un gage de stabilité. Des syndicats, ou sections des grandes organisations syndicales, existent en Champagne depuis la veille de la première guerre mondiale.

2. LE PERSONNEL DES VIGNES

L’ouvrier vigneron, homme d’expérience et de devoir, généralement champenois, est employé par les récoltants dont l’exploitation excède les possibilités du travail familial. Il est souvent lui-même propriétaire de parcelles de vignes qu’il cultive à ses moments de liberté. Les maisons de champagne possédant des vignes emploient de leur côté un personnel nombreux, bien encadré par des chefs de culture et contremaîtres de grande valeur professionnelle et morale.
Entre le Vignoble et le Négoce, le nombre des ouvriers vignerons employés à titre permanent s’élève à environ 3000. Ils sont normalement payés au mois. Il existe aussi des travailleurs payés à la tâche, dans les petites exploitations, ou pour renforcer le personnel des vignobles importants. Ils sont également de l’ordre de 3000. Parmi eux, on trouve souvent des jeunes gens du vignoble qui ne sont pas encore en état de s’installer à leur compte ou qui cherchent ainsi à compléter le revenu d’une trop petite exploitation. La mécanisation a eu pour effet de diminuer les besoins en main-d’œuvre, mais les effectifs globaux n’ont cependant pas varié sensiblement depuis 1950 car les plantations nouvelles ont nécessité davantage de personnel.

3. LE PERSONNEL DES CAVES

Les cadres, les employés et les ouvriers qui participent directement à la production du champagne travaillent pour une maison de champagne, une coopérative, une exploitation de récoltant-manipulant. Les ouvriers se partagent entre la cave et le cellier et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils préfèrent généralement la cave, ne redoutant ni la fraîcheur, ni l’humidité, ni la solitude. Leur santé n’en souffre pas, et ils s’y trouvent bien.
Comme pour le personnel des vignes, la diminution de la main-d’œuvre qui résulte des progrès de la technique, avec une productivité qui a plus que doublé de 1955 à 1970, est en général compensée par l’augmentation de la production, si bien que les effectifs restent stables. Ils se montent à environ 5000, dont 12 % sont cadres et agents de maîtrise, 18 % employés et 70 % cavistes, le caviste étant en Champagne l’ouvrier qui travaille à la production, que ce soit en cave ou en cellier. La maison la plus importante emploie plus de 200 personnes, les petites maisons n’en font travailler qu’une dizaine.
Les femmes représentent 38 % du personnel. Elles sont dans les bureaux quatre fois plus nombreuses que les hommes, mais en cellier et en cave elles le sont trois fois moins, leurs tâches s’y limitant ordinairement à l’habillage et à l’expédition, au nettoyage et à l’entretien. Quelques femmes sont cependant employées à la conduite des chariots élévateurs et même à des travaux aussi rudes que le poignettage.


Notes

[1Odart (Comte). Manuel du vigneron. Paris, 1861.