Le vignoble ne souffre pas, comme aux siècles précédents, des entreprises militaires et des guerres civiles. En 1712, pendant la guerre de la succession d’Espagne, le raid audacieux du général hollandais Growestein s’arrête aux portes de Reims. Depuis la paix d’Utrecht, qui termine la guerre, jusqu’à la Révolution, les conflits n’intéressent pas directement la province qui ne connaîtra plus les ravages des soudards dont elle avait eu tant à se plaindre. Bien sûr, les armées royales continuent à être une charge pour la population, mais en même temps elles participent à la sécurité, enfin retrouvée sous l’administration vigilante, et en général bienfaisante, des intendants. La fonction de lieutenant-général de la Généralité de Champagne et de Brie est purement honorifique et... lucrative, et ce sont bien les intendants qui détiennent le pouvoir à l’échelon de la province.
On a beaucoup planté à la fin du XVIIe siècle, dans l’euphorie de la réussite du vin gris, d’une part, en raison de la progression considérable de la vente des vins ordinaires en milieu rural, d’autre part, et l’intendant Le Peletier s’inquiète de la trop grande abondance des vins qui entraîne une augmentation dans le prix des futailles et une diminution de celui des vins [2].
Sur sa requête, le Conseil du roi, par un arrêt du 29 novembre 1729, fait défense de planter de nouvelles vignes sans permission expresse de Sa Majesté, sous peine de 3 000 livres d’amende. Des décisions semblables avaient été prises en 1720 et 1721 pour les vignobles de l’Aube pour une autre raison, exposée par le doyen du présidial de Châlons qui écrit qu’il y a des endroits dans cette région qui sont si remplis de vignes que les terres labourables de ces terroirs ne produisent pas assez de grains pour la nourriture de leurs habitants [3].
C’est pour ce même motif qu’un arrêt du 5 juin 1731, applicable cette fois à toute la France, interdit toute plantation nouvelle de vignes, même sur des terres où il y en aurait eu auparavant, avec possibilité de dérogation dans le seul cas où le sol est impropre à toute autre culture (B 11).
Ces arrêts sont peu observés en raison de la résistance des vignerons, qui produisent d’ailleurs des mémoires pour en réclamer l’abrogation, l’un d’eux faisant valoir que celui qui boit du vin mange bien moins de pain que quand il boit de l’eau (À 23). Les intendants de Champagne se rangent finalement à une politique de protection de la vigne, confirmée par le pouvoir central qui, sans révoquer expressément les arrêts en cause, prend en 1759 la décision de principe que les propriétaires des fonds ne devoient point être gênés sur la destination et l’emploi de leurs terrains [4].
Il est de fait qu’au XVIIIe siècle la vigne est pour beaucoup de Champenois la ressource principale et souvent même le seul moyen d’existence. Après avoir, comme on l’a vu, régressé au cours du XVIe siècle et de la première moitié du XVIIe en raison des guerres et troubles de l’époque, elle regagne une partie du terrain perdu. On estime que sa superficie dans la province de Champagne est en 1789 de l’ordre de 50 000 hectares. Une enquête ordonnée en 1773 par l’intendance de Champagne fait état de 14 710 hectares de vignes sur le territoire de l’actuel département de la Marne, dont 10 250 en Côte et Val de Marne viticoles, 1 380 dans les plaines centrales, 1 800 en Champagne humide, 1280 dans le plateau de Brie-Tardenois [5]. Mais à la veille de la Révolution, ces 14 710 hectares sont devenus 20 354, essentiellement en raison de la progression des vignobles des élections de Reims et d’Épernay qui comptent alors respectivement 8 500 et 6 700 hectares [6]. C’est ainsi qu’un mémoire de 1780 note qu’à Pierry, il y a cent ans, les trois quarts au moins des terrains qui y sont aujourd’hui en vignes étaient en bois ou en friches [7].
La répartition est toujours celle de la fin du XVe siècle, à savoir, dans l’ordre de densité des paroisses viticoles, les régions de Reims, Vitry-le-François et Épernay, la côte sud d’Épernay et celle de Vertus, les régions de Sézanne, Châlons et Sainte-Menehould. Comme on le sait, à partir du XVIIe siècle, ce sont les coteaux de la Marne et la Montagne de Reims qui fournissent les vins qui font la réputation de la province, vins mousseux mais aussi, et en majeure partie, vins tranquilles, blancs et rouges. On a vu également que depuis le XVIIIe siècle s’y est adjoint le territoire de l’actuelle Côte des Blancs, dont le prix des vins monte en flèche, ainsi que celui de ses terres à vignes, comme il est de règle chaque fois qu’un terroir accède à la catégorie des crus les plus recherchés.
Voici à ce sujet le témoignage de P.V. Bertin du Rocheret, qui écrit en 1744 : Avize est un bourg assez considérable, extrêmement augmenté depuis douze ou quinze ans environ par la frénétique invention du vin mousseux. Il étoit encore pauvre en 1719, leurs vignes ne lui produisaient qu’un petit vin aigre et d’un goût raiche qui le faisoit réguler un des moindres du pays ; aussi ne se vendait-il ordinairement que 25 ou 30 livres la queue, mais depuis la manie du saute-bouchon, cette abominable boisson se vend jusqu’à 300 livres, et l’arpent de vigne, dont on ne vouloit pas à 250 livres a été porté jusqu’à 2 000 livres [8].
Dans ces vignobles d’élection, on trouve les cépages de choix du siècle précédent, le Fromenteau, et les Morillons aussi bien noirs que blancs. Ils confèrent aux vins la meilleure qualité, mais en contrepartie leur rendement est assez faible. Il s’ensuit que dans les vignobles sans renom que l’on trouve un peu partout en Champagne on préfère les plants grossiers donnant de fortes récoltes. Sans prétendre au même revenu que dans les grands crus, le vigneron espère ainsi y trouver son compte en vendant à bon marché, mais en plus grande quantité, des vins de consommation courante pour lesquels la ville et la campagne offrent désormais un débouché appréciable. On voit même, à la fin du XVIIIe siècle, par suite de la mévente et de la baisse des prix des vins, certains crus de bonne classe suivre cette politique et produire des vins communs au risque de compromettre l’image des vins de Champagne. Maizière écrit à ce sujet que quand les difficultés s’accrurent de se défaire des vins de première qualité, même en abaissant les prix, les vignerons choisirent de remplacer les fins cépages par des plants inférieurs, dont la récolte, quoique plus abondante, fut plus facile à placer [9].
Le phénomène reste heureusement limité et les spécialistes de France et de l’étranger s’accordent toujours pour admirer la façon dont la viticulture est pratiquée en Champagne, au début comme à la fin du siècle. Le Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle de Valmont de Bomare (tome IX) atteste en 1775 que de toutes les différentes méthodes dont on fait usage dans les diverses provinces de France, on n’en voit nulle part qui approche des soins et des précautions que prennent les Champenois depuis 55 ans. Le mérite en revient aux grands crus de la vallée de la Marne d’Ay-Épernay, et des falaises crayeuses qui l’encadrent au nord et au sud où, contrairement à ce qui se pratique ailleurs, en Champagne et généralement en France, on a choisi délibérément la qualité au détriment de la quantité. On l’obtient non seulement par le choix des cépages, mais encore en pratiquant l’amendement avec parcimonie. On doit mettre aussi à l’actif de la recherche de la qualité les efforts que l’on fait pour supprimer les cultures potagères et fruitières qui se font dans les vignobles et dont les vignerons se plaignent auprès de l’intendance de Champagne (À 23). En 1767, l’assemblée municipale de Verzy obtint satisfaction pour sa paroisse en ce qui concerne les arbres fruitiers, tout ce qui se trouve sous ces arbres et à leurs environs ne pouvant produire qu’un fruit âcre dont le mélange pernicieux altère la qualité des vins [10].
À la fin du XVIIe siècle, après la période de répit qui avait suivi la paix des Pyrénées, la situation des vignerons champenois s’était améliorée. Elle s’était dégradée à nouveau, hélas ! pendant la triste fin du règne de Louis XIV, lorsque la Palatine écrivait, en mars 1709 : Les gens du peuple meurent de froid comme des mouches. Les moulins se trouvent arrêtés, et cela fait mourir beaucoup de gens de faim [11]. Un léger rétablissement s’était effectué sous Louis XV, avec des hauts et des bas, mais au cours des années 1770 reparaît la misère dans toutes les paroisses du vignoble autres que les cantons d’élite aux productions destinées à la consommation des gens riches et des étrangers [12]. La monnaie est rare, les vins se vendent mal. Le pain est encore la base de la nourriture ; il est cher, quand il ne manque pas. À Reims en 1771, puis à nouveau en 1775, la population cherche à s’emparer des greniers à blé. Les cahiers de doléances de Verzy, rédigés comme on le sait en vue des Etats généraux de 1789, signalent que les marchés sont assaillis par le peuple affamé. En 1783, le receveur des tailles de l’élection de Reims parle de l’extrême misère de tout ce qui compose le vignoble de cette élection (À 22), et en 1789, l’intendance de Châlons ne peut exprimer à quel point est déplorable la situation des malheureux habitants des pays vignobles, dont l’excès de misère est réellement effrayant (A 21).
Cet état de choses est la conséquence de la mauvaise situation économique de la province, mais aussi, localement, de la monoculture du raisin qui est le propre de nombreux terroirs. Il résulte également d’un morcellement accru à chaque génération par les divisions successorales qui font que les héritiers se trouvent introduits dans la classe des pauvres. Le vigneron est, de surcroît, écrasé par la taille, la gabelle, la dîme, les aides et une foule d’impôts divers. Les taux sont augmentés sans cesse et finissent par être si élevés que les droits de sortie sont parfois supérieurs au prix du vin expédié. Certes, le droit de banvin est supprimé par Turgot en 1776, mais le très impopulaire droit de banalité des pressoirs, avec obligation d’apporter ses raisins au pressoir seigneurial, reste en vigueur jusqu’à la Révolution.
Il faut noter que la dégradation de la situation du vigneron est due pour une bonne part au climat rigoureux qui est celui de la France au XVIIIe siècle. En 1741 Malavois de la Ganne écrit : Les grains ayant manqué cette année, cela a fait une véritable famine, jusques là que le monde vivait de pain de sarrazin, d’avoine et de racines qu’ils allaient chercher dans les champs. Et c’est ensuite pour la vigne une incroyable succession de mauvaises années soit en quantité, soit en qualité, dominée par les gelées profondes de l’hiver 1788-1789. On imagine les conséquences dramatiques de ces calamités pour l’exploitation d’un petit propriétaire vigneron, dans l’impossibilité de se rembourser de ses frais de culture et trop démuni pour se constituer des réserves destinées à parer à de telles éventualités. Sans aucun revenu pendant une ou plusieurs années, la famine le menace. On apprend par une délibération de la municipalité de Bar-sur-Aube, en date du 16 mai 1713, que par muid de vin, cette année-là, la dépense excède la récolte de cinquante-neuf sols six deniers [13]. On lit dans le cahier de doléances de la commune de Chaillevois que la nourriture ordinaire est du pain trempé dans de l’eau salée ; pour de la chair, on en mange le jour du mardi-gras, le jour de Pâques et de la fête patronale, lorsqu’on va au pressoir et lorsqu’on va aux noces. Dans les paroisses exclusivement viticoles, et il y en a beaucoup, le vigneron n’a même pas la ressource de louer ses services à d’autres agriculteurs. Rien ne peut mieux exprimer la condition déplorable du petit propriétaire de la fin du XVIIIe siècle que les cahiers de doléances d’Oger où on peut lire que malgré qu’il soit propriétaire, par les dettes presque généralement contractées et causées par les malheurs attachés à la culture des vignes, il ne possède réellement rien en propre et rentre dans la classe du serf attaché à la glèbe ; une heureuse récolte paie son travail, la rente dont il est chargé, et rien de plus ; une mauvaise le prive de tout.
Le Traité sur la culture de la vigne affirmera en 1801 : Bien plus heureux sont les ouvriers vignerons, dégagés de la manie d’être propriétaires, opinion discutable d’ailleurs, car si le journalier jouit d’une certaine sécurité lorsqu’il est attaché à une exploitation, et dans ce cas seulement, son travail est rude et son salaire modeste comme en témoigne un arrêté du maire d’Épernay, en date du 10 avril 1772, allouant pour les ouvrages d’hiver jusqu’à la Saint-Vincent, aux hommes, avec la miche, 8 sous, et aux femmes et aux enfants, avec la miche, 6 sous, étant bien précisé qu’ils commenceront leur travail, toute l’année, au lever du soleil et le quitteront à son coucher et qu’il ne sera donné aux ouvriers ni eau-de-vie, ni autre chose qui puisse enchérir les journées (À 31). Aussi assiste-t-on à des révoltes ouvrières, notamment en 1760 à Cumières, où elles sont d’une gravité telle qu’elles amènent le lieutenant-général marquis de Crémilles, qui tenait garnison dans la région, à prescrire le désarmement de tous les vignerons de la localité. À Ambonnay et Bouzy, en 1789, les journaliers se mettent en grève pour obtenir le relèvement des prix de la main-d’œuvre. Des litiges s’élèvent fréquemment entre employeurs et employés, et on voit les ouvriers vignerons de Montbré, Trois-Puits, Champfleury et Trigny former un syndicat de défense contre les religieux de Saint-Rémi et de Saint-Thierry.
En 1789 en effet, mais plus pour longtemps, le clergé est encore le principal propriétaire viticole, avec la noblesse dans la mesure où ses héritages ne sont pas venus se métamorphoser à Paris en diamans, en dentelles, en plats d’argent, en équipages somptueux [14]. Echappant aux impôts, lorsqu’ils n’en bénéficient pas, les propriétaires ont augmenté leurs domaines en achetant des terres de vignerons et leur prospérité contraste avec la misère de ces derniers. À la mort de la maréchale d’Estrées, en 1785, on trouve dans ses celliers 71 650 bouteilles de champagne et 509 pièces de vin en fûts.
Si on examine par exemple la situation de la paroisse de Verzenay, on s’aperçoit que les vignes appartiennent en majorité à l’abbaye de Saint-Basle, au chapitre de Reims et aux seigneurs de Sillery. Ces derniers, entre leurs terres de Verzenay et Sillery, possèdent 110 arpents en 1770 [15] et 180 en 1789 [16]. Leurs vins se vendent bien et leur registre de comptes fait apparaître un revenu moyen de 153 livres par arpent, infiniment supérieur à celui que peut espérer le vigneron.
À Pierry, la petite noblesse et les propriétaires bourgeois possèdent en 1780 à eux seuls deux fois et plus autant de vignes que les petits vignerons, sans parler des possessions des Religieux Bénédictins Seigneurs, et eux seuls font les grands vins blancs de la Champagne, les petits vignerons n’y faisant ou que des vins rouges ou que des vins communs [17].
Cette situation est profondément modifiée par la Révolution, qui dépouille de leurs biens la noblesse et le clergé. Le changement de régime se déroule sans événement notable en Champagne, où on n’a pas connu les excès qui l’ont marqué ailleurs, si on excepte quelques émeutes de la faim. En 1790, la généralité de Châlons est divisée en quatre départements, les Ardennes, l’Aube, la Marne et la Haute-Marne. Au département de l’Aisne revient la région de Château-Thierry, qui ressortissait du gouvernement général de Champagne mais se trouvait au-delà des limites de la généralité de Châlons. La région de Bar-sur-Seine enfin, qui faisait partie de la province de Bourgogne, est rattachée au département de l’Aube.
Les petits vignerons profitent de la Révolution, sans que leur condition soit profondément modifiée. Certains deviennent propriétaires par suite de la suppression des tenures féodales, mais ce n’est pas pour autant un remède à leurs difficultés. Beaucoup achètent des biens du clergé, depuis 1789, et des terres d’émigrés, depuis 1792. Connaissant leur misère, on s’étonnerait de les voir en état de s’en porter acquéreurs si on ne savait combien les prix sont modiques. De plus, les parcelles sont souvent de très petite taille [18], ce qui a d’ailleurs pour fâcheux résultat de créer un morcellement extrême, avec des propriétés trop petites pour être rentables. C’est encore à Chaptal et à ses collaborateurs qu’il faut faire appel pour se représenter quel est au sortir de la Révolution l’état peu enviable du vigneron qui n’a pas la chance d’être dans un cru privilégié : Pénétrez dans nos pays-vignobles... Vous y verrez ces infortunés propriétaires vignerons, qui composent la classe la plus active, la plus exercée aux travaux les plus pénibles de l’art agricole, épuisés de fatigue, dès l’âge de quarante ans, et succomber bientôt après, sous le poids d’une vie qu’on peut appeler immodérément laborieuse, parce que les moyens réparateurs ne sont presque jamais proportionnés à l’épuisement des forces et qui même avec un vignoble en plein rapport, doivent pour subsister avoir un revenu indépendant de celui qu’on peut espérer.
Dans une certaine mesure, la viticulture bourgeoise a davantage bénéficié de la Révolution. Il est vrai de dire que les négociants en vin, lors de la vente des biens nationaux, se sont généralement montrés plus intéressés par les fermes et les moulins que par les vignes. Mais ceux qui en ont acheté l’ont fait sur une grande échelle, se constituant ainsi dans les meilleurs terroirs et à peu de frais des domaines dont l’étendue contraste avec l’exiguïté des propriétés des vignerons.
Qu’il ait profité peu ou prou du changement de régime, le Champenois devra attendre pour jouir en paix de ses acquisitions. La France est en guerre, et si les opérations se déroulent généralement en dehors de la Champagne, la province est tout de même menacée en 1792 par les Prussiens, heureusement arrêtés à Valmy, avant d’avoir atteint le vignoble, par Dumouriez et Kellermann. Les bouchons ont dû sauter chez les vignerons comme chez les bourgeois, mais les temps resteront difficiles et incertains jusqu’au début du XIXe siècle.
[1] VOLTAIRE. Précis du siècle de Louis XV.
[2] Bulletin du Laboratoire expérimental de viticulture el d’oenologie de la maison Moët & Chandon. Épernay, 1908.
[3] GABRIEL, (Pierre). La Viticulture dans le département de l’Aube. Paris, 1913.
[4] DION (Roger). Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe, siècle. Paris, 1959.
[6] LAURENT (Gustave). Reims et la région rémoise à la veille de la Révolution. Reims, 1930.
[7] DUDOYER de VAUVENTRIER. Mémoire sur partage pour les Sieurs Cazotte, de Failly et autres propriétaires (le vignes au terroir de Pierry, Intimés, contre les Religieux Bénédictins de l’Abbaye d’Hautvillers, Décimateurs d’une partie des terres de Pierry. Paris, 1780.
[8] BERTIN Du ROCHERET (Philippe-Valentin). Journal des Elats tenus à Vitry-le-François en 1744, publié par Auguste Nicaise. Paris, 1864.
[9] MAIZIÈRE (Armand). Origine et développement du commerce du vin de Champagne. Reims, 1848.
[10] BERLAND (Just). font-family:Moles pour l’histoire du vignoble de Verzy. Largentière, 1924.].
À la Révolution, le rendement s’établit en année moyenne à 11 à 12 hl à l’hectare pour l’ensemble de la Champagne. Il varie considérablement en fonction des conditions climatiques et, comme on vient de le voir, selon les différents terroirs. Là où on produit des vins ordinaires, il peut atteindre 20 hl, chiffre pris comme base de calcul en 1800 dans Le Parfait Vigneron pour connaître le revenu d’un propriétaire du département de la Marne vendant son vin au prix, très bas pour l’époque, de 50 francs la pièce de 220 litres. Il ressort de cette évaluation que le revenu net est de 33 francs pour un demi-hectare. C’est extrêmement modeste, et il ne peut en résulter que la misère pour les petits propriétaires des terroirs produisant des vins ordinaires. On doit conclure avec Le Parfait Vigneron que dans le département de la Marne la différence entre le produit des vins fins et des vins communs est immense, et que seuls peuvent prospérer les grands crus dont les vins se vendent 200 et 300 francs la pièce, avec des frais de culture n’excédant pas ceux des vignes communes. C’est là où on trouve, selon Chaptal, les cultivateurs pleins de zèle, de lumière et d’activité, qui, en agrandissant leur fortune, conservent et propagent l’antique renommée des vins de France [[Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne, avec l’art de faire le vin par le Cen Chaptal, M. l’Abbé Rozier, les Cens Parmentier et Dussieux. Paris, 1801.
[11] PALATINE (Princesse Elizabeth-Charlotte, la). Correspondance complète de Madame, duchesse d’Orléans, par M.G. Brunet. Paris, 1857.
[12] Parfait Vigneron (Le). Paris, 1801.
[13] MAURY (Eugène). L’Ancien vignoble Bar-sur-Aubois, dans L’Almanach du Petit Troyes, année 1909.
[14] (Louis-Sébastien). Tableaux de Paris. Amsterdam, 1783.
[15] PÉCHENART (Abbé L.). Sillery et ses seigneurs. Reims, 1893.
[16] WEINMANN (J.). Manuel du travail des vins mousseux. Épernay, 1929.
[17] DUDOYER de VAUVENTRIER. Mémoire sur partage pour les Sieurs Cazotte, de Failly et autres propriétaires (le vignes au terroir de Pierry, Intimés, contre les Religieux Bénédictins de l’Abbaye d’Hautvillers, Décimateurs d’une partie des terres de Pierry. Paris, 1780.
[18] CLAUSE (Georges). Vote sur la viticulture et le vignoble champenois au début du XIXe siècle, dans Mémoires de la Société d’agriculture, commerce, .sciences el arts du département de la Marne, année 1965.