Sans remonter aussi loin, nul n’ignore que Pasteur a dit que le vin peut, à bon droit, être considéré comme la plus saine et la plus hygiénique des boissons [1]. De nos jours, le docteur Eylaud, fondateur du Comité médical international pour l’étude scientifique du raisin et du vin, a écrit très justement à propos des vins des innombrables vignobles de tous pays : C’est sur toute cette armée que nous avons à compter pour contribuer à la santé physique, morale, sociale et économique de toutes les collectivités que nous désirons saines pour demeurer compréhensives et harmonieuses dans leurs rapports humains [2].
Scientifiquement, le vin est un aliment précieux pour la conservation de la vie, entièrement et directement assimilé. Bienfaisant à ce titre pour le bien portant, il a le pouvoir de nourrir et de réconforter celui que la maladie empêche d’absorber des substances solides. Un peu de vin pur apaise la faim d’un malade, disait à ce sujet Hippocrate dans ses Aphorismes (II, 19). Par son alcool, le vin est générateur de calories, dont il faut noter cependant que le rôle énergétique important n’est que passager et sans possibilité de stockage, car elles ne contribuent pas au renouvellement cellulaire.
Le vin contient toutes les vitamines nécessaires à l’organisme humain. Elles s’y trouvent, certes, en quantités très insuffisantes pour couvrir ses besoins, mais il s’agit néanmoins d’un facteur positif. Si la précieuse vitamine C, antiscorbique et reconstituante, est à peu près inexistante dans les vins blancs, les vitamines du type B, qui constituent l’essentiel de l’apport vitaminique du vin, ont la propriété de protéger la vitamine C présente dans le corps en empêchant sa destruction par oxydation. Les vitamines de ce groupe B jouent en outre un rôle de régulation du système nerveux, du tonus musculaire et du trophisme de la peau. L’une d’entre elles, la vitamine PP (nicotinamide) intervient de façon importante dans les phénomènes d’oxydoréduction qui se déroulent dans l’organisme.
Le vin se compose de plusieurs centaines de constituants dont beaucoup ont une valeur hygiénique, avec parfois en outre un pouvoir curatif. Dans les armées, on a pendant longtemps soigné les plaies avec des applications de linges mouillés de vin et les dysenteries avec des lavements de vin rouge, et il n’est pas étonnant, écrit Pierre Andrieu, que presque chaque jour des médecins, des chimistes, des savants étudient le rôle bienfaisant du vin non seulement dans l’alimentation, mais comme traitement ou adjuvant de traitement dans un assez grand nombre de maladies [3].
[1] PASTEUR (Louis). Etudes sur le vin, ses maladies, causes qui les provoquent, procédés nouveaux pour le conserver et pour le vieillir. Paris, 1873.
[2] EYLAUD (Dr Jean-Max). Vin et santé. Vertus hygiéniques et thérapeutiques du vin. Soissons, 1960.
[3] ANDRIEU (Pierre). Petite histoire du champagne et de sa province. Paris, 1965.