UMC - Grandes Marques et Maisons de Champagne

Histoire du champagne

Les feux de la Saint-Jean

Les feux de la Saint-_Jean que l’on allume sur certains coteaux du vignoble champenois n’ont pas de signification particulièrement viticole. Ils remontent aux civilisations antiques, qui célébraient le jour le plus long de l’année et le culte du soleil par des réjouissances à caractère religieux et magique. Le christianisme les a adoptés en leur imprimant sa marque et ils furent dès avant le Moyen-Age allumés le 23 juin, vigile de la fête de Saint Jean-Baptiste, qui tombe le jour du solstice d’été, l’Eglise les considérant comme un symbole de la purification évoquée à la fois par le feu et par le rappel, dans l’invocation à Saint-Jean, du baptême du Christ.

Les feux de la Saint Jean ont toujours fait partie des coutumes de certaines provinces de France mais sans avoir jamais été généralisés. En Champagne viticole, il semble qu’ils n’étaient connus autrefois que dans la partie de la vallée de la Marne que s’étend de Tours à Dormans, dans le canton de Verzy et en Argonne, c’est-à-dire dans des régions qui étaient ou sont encore vigneronnes, alors que dans le reste de la France ils étaient plutôt l’apanage des communes de petite culture. Depuis la dernière guerre, on constate un regain d’intérêt pour les feux de la Saint Jean. À côté des rares localités où la tradition n’avait jamais été abandonnée, tel Cumières, où sa persistance s’explique peut-être par le fait que saint Jean-Baptiste est le patron de la paroisse, on les a vu réapparaître dans des villages où la coutume semblait perdue depuis longtemps et même embraser des collines dans des régions où ils avaient toujours été inconnus. Dans les années soixante-dix, ce mouvement s’est encore intensifié et les feux de la Saint Jean sont désormais allumés un peu partout, et notamment en des points remarquables comme le parvis de la cathédrale de Reims, le Mont Bernon qui domine Épernay, le Mont Aimé près de Vertus, la butte de Montgueux.

Dans le vignoble, les habitants du village contribuent à l’édification du bûcher, véritable architecture établie autour d’un mât, appelé baliveau, le long duquel on entasse tout ce qui brûle. Les vieux paniers d’osier se font rares, ainsi que les sarments, désormais laissés aux vignes, mais on s’efforce de mettre tout de même pour le décor quelques faguettes et, tant qu’il en reste, de vieux mannequins. Un bouquet est traditionnellement fixé au sommet du mât, et quelques pièces de feu d’artifice parfois placées dans l’édifice. Lorsque la nuit est tombée, on se rend en cortège à l’emplacement du bûcher et le maire, ceint de son écharpe, y met le feu. Si le bouquet brûle bien, c’est le signe d’une année de vin ! Superstition, peut-être, mais si la flamme monte bien droite, jusqu’au sommet du mât, c’est souvent parce que le temps est beau et sec, c’est-à-dire favorable pour la floraison de la vigne, dont c’est l’époque lorsque se répondent de coteau à coteau ou se reflètent dans l’eau de la Marne les feux de la Saint Jean. On se remémore alors, le dicton :

Beau temps vers la Saint-Jean,
Blés et vins abondants