LA DERNIÈRE INNOCENCE
(Prix Théophraste-Renaudot 1953)
- N’avez-vous pas soif ? [...]
Avant qu’Etienne n’ait eu le temps de répondre, elle avait sonné. [...]
- Du champagne ! demanda-t-elle au fils de Jourdan qui se présenta. J’ai soif, ajoutat-elle. Ne restait-il pas de bouteilles dans le frigidaire ? Elle avait exigé qu’on en rafraîchît suffisamment. [...] Pas les coupes [...] ; les coupes n’ont pas de sens, voyons, ajouta-t-elle.
u Elle est maniaque, se disait le fils de Jourdan, avait-elle besoin de boire du champagne à une heure où on aimerait être couché ? »
- Débouche vite la bouteille et va-t’en ! reprit-elle lorsqu’il revint de la salle à manger avec les verres. [...]
La fraîcheur du verre de champagne dans sa main, il laissa s’échapper les bulles et crépiter doucement la mousse avant de la porter à ses lèvres.
1953
MAYERLING
ou
LE DESTIN FATAL DES WITTELSBACH
Rentrant de Vienne, l’archiduc Rodolphe vient de rejoindre la baronne Vetsera à Mayerling.
Rodolphe [...] sonne pour faire venir Bratfisch. Mary et lui désirent entendre des chansons. [...]
Bratfisch chante longtemps. Il siffle des airs populaires pendant que la jeune fille et le prince boivent du champagne. Vers onze heures, Rodolphe dit à Bratfisch qu’il est temps pour lui de se retirer.
A présent la nuit sera très longue et très courte. Il y a l’amour, il y a la mort. Les derniers gestes à accomplir. Le champagne, [_] la chair de Mary chaude d’un jeune sang, sa beauté de camélia, sa grâce, sa légèreté doivent bouleverser Rodolphe.
1967