Grand Prix de Littérature
de l’Académie française 1985
Je lui demandai
LA SALLE DE RÉDACTION
- Vous ne voudriez pas un autre Viandox ?
- Non, mais si on prenait une demi-bouteille de champagne ?
- Vous croyez qu’ils en ont ?
J’appelai le garçon. Eh bien oui, il y en avait. J’avais déjà vu Claude Préval boire du champagne dans les bars miteux qui entouraient l’agence. Je lui avais demandé une fois : < Pour fêter quoi ? » Elle m’avait répondu
« Pour fêter que tout va mal. » Mais aujourd’hui, elle ne semblait pas spécialement triste, amusée, au contraire. [...]
On nous apporta la bouteille, et des coupes. Le bouchon sauta. Je servis Claude et nous trinquâmes. La vieille journaliste regardait le vin doré avec une sorte de complicité, attendant que les bulles aient un peu perdu de leur vigueur, et je me dis que je l’aimais beaucoup.
1977