L’EMPIRE CÉLESTE
(Prix Fémina 1958)
On leur avait servi du champagne par habitude ; Sylvia se serait crue déshonorée si elle avait bu autre chose. Il commanda du bourgogne. Il commanda un steak pour lui : l’appétit lui revenait.
- Du bourgogne avec le homard, monsieur ?
La discrète réprobation du maître d’hôtel lui était maintenant totalement indifférente. Il s’en serait plutôt amusé.
- Et le champagne, monsieur ? Je le remporte ?
Il en avait bu un verre sans faire attention.
- Mettez-le au frais, nous le boirons après.
Autre repas, autres personnages.
Il avait envie de champagne, envie de rire, de parler... [...]
- Du champagne, garçon ! Une bonne marque... Donnez-moi donc la carte des vins... C’est ça, oui. Une demi-bouteille ? Oh ! Après tout, donnez la bouteille complète, n’estce pas, Martine ? [...]
Stéphane regardait les verres se remplir. Avec un plaisir d’enfant, il éleva un peu le sien.
- Ma très chère petite amie, sacrifions à la coutume, portons un toast. A
nos vingt ans, à cette fête sans saint, à notre amitié, à tout ce que vous voudrez. [...1 Buvez encore un peu de champagne. Et nous y ferons dissoudre de fausses perles.
1958