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Vitrail du Champagne

Le vitrail du champagne qui orne le transept Sud de la cathédrale Notre-Dame de Reims est issu du généreux mécénat des Vignerons et Maisons de champagne.

Les fenêtres basses étaient garnies de vitraux légendaires, étymologiquement de vitraux destinés à être lus par les fidèles comme un grand livre d’images. Malheureusement le Siècle des Lumières leur fut fatal et pour économiser des bouts de chandelles, les chanoines s’en débarrassèrent entre 1739 et 1768, les remplaçant par des vitreries incolores bordées de quelques fragments anciens. La guerre de 1914-18 fit un carnage dans les 3 500 m2 de vitraux survivants, dont la moitié environ fut détruite.

Au lendemain du conflit, nos alliés américains assurèrent la rénovation de la toiture et divers autres mécènes se préoccupèrent de rendre au monument une partie de sa parure vitrée en suscitant, pour les parties basses, des créations de qualité. Jacques Simon posa la petite rose en 1937 pour la consécration de la cathédrale restaurée. La deuxième guerre ralentit l’entreprise et il fallut attendre 1954 pour que fût réalisé le Vitrail du Champagne. Présidente des Amis de la Cathédrale depuis 1950 la princesse Jean de Caraman-Chimay, petite-fille d’Albert de Mun, mit toute son énergie à faire renaître le goût du mécénat dans le monde des affaires.

Elle entraîna l’adhésion de Grandes Marques, Maisons et Vignerons de Champagne et même de leurs agents à l’étranger. Ouverte également à la foule innombrable des amateurs de nos vins, la souscription rassembla des dons venus des provinces de France et d’une douzaine de pays étrangers.

C’est ainsi que le jour de l’inauguration, le 1er octobre 1954, fête de Saint-Rémi, le maire de Reims, René Bride et l’archevêque, Mgr Marmottin, accueillirent l’ambassadeur de Belgique, le représentant des Etats-Unis et autour de Lady Jebb, ambassadrice de Grande-Bretagne, et de Sir Guy Salisbury-Jones, maréchal du Corps diplomatique, des membres de la Chambre des Lords et de la Chambre des Communes, venus par avion spécial, auxquels s’étaient joints Graham Greene et Evelyn Waugh.

Nul n’était mieux placé que Jacques Simon pour réaliser ce vitrail. Le chef d’oeuvre de son ancêtre Pierre Simon, réalisé en 1640, rappelle que depuis le XVIIème siècle toute une dynastie de peintres-verriers est établie à Reims ; avant la révolution le chapitre avait nommé les Simon "verriers de l’église" et les relevés qu’ils firent au XIXème siècle se sont révélés extrêmement précieux pour la restauration des vitraux. Pendant la guerre, Jacques et son équipe risquèrent leur vie pour sauver ce qui pouvait l’être encore sous les bombardements de la ville.

Pour créer le Vitrail du Champagne, Jacques Simon s’inspira des vitraux de corporations du Moyen-Age, mêlant le travail et les villages des Vignerons et Maisons à la représentation de leurs saints patrons et aux scènes bibliques. Il tira parti du symbolisme du vin pour livrer une méditation sur l’Eucharistie. L’ensemble comprend trois lancettes de dix mètres de hauteur surmontées de trois oculi de 2,40 mètres de diamètre.

Dans la fenêtre de gauche les vignerons s’activent dans la vigne sous le regard de Saint-Vincent, leur patron.

Au centre ils entreprennent la vendange avant que ne commencent, à droite, les différentes phases de la vinification autour de Dom Pérignon, le célèbre cellérier d’Hautvillers, et de Saint Jean-Baptiste, patron des cavistes.

En bas les industries annexes (bouteilles, bouchon...) sont associées à l’alchimie des caves.
Sur les marges les outils des vignerons (au centre) et les églises de quarante-quatre villages champenois (à droite et à gauche) achèvent d’enraciner l’oeuvre d’art dans le terroir.

Mais du plan terrestre, en levant les yeux, on passe au plan divin : en haut à gauche deux hommes peinent en portant la grappe de Canaan, image de la prospérité de la Terre promise et symbole du Christ en croix, car Jésus est la grappe dont le sang a rempli le calice de l’Eglise.

Le pressoir mystique, précisément, se trouve au centre : le Christ est broyé par la souffrance, à cause de nos péchés et son sang devient le vin du royaume éternel ; à droite le miracle des noces de Cana poursuit un symbolisme eucharistique déployé dans les trois oculi avec le pain et le vin entourant l’agneau immolé. L’homme offre désormais le sacrifice avec les fruits de son travail et son travail même est un sacrifice consenti pour continuer l’œuvre de création.

Et, comme par miracle, la souscription lancée par les Vignerons et Maisons de Champagne n’ayant pas été épuisée par cette commande, le reliquat permit de faire un deuxième vitrail que réalisa Brigitte Simon-Marcq, fille de Jacques en 1961. Il est piquant de relever que ce qui restait du Vitrail du Champagne servit à une verrière de l’Eau Vive... C’est en effet le thème traité dans la fenêtre occidentale du bras sud du transept, au-dessus des fonts baptismaux. L’artiste prit son inspiration dans la tonalité des grisailles des fenêtres hautes ; ces vitreries des croisillons (XIIIème siècle) étaient sans doute destinées à laisser passer suffisamment de lumière pour éclairer le sanctuaire. L’interprétation moderne retient la fraîcheur des gris bleutés en leur donnant le dynamisme d’un fleuve sur lequel souffle l’Esprit.

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