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Jacques Théodore Saconney

Italie (1874 - 1935)
Aviateur

Né à Turin, en Italie, de parents originaires de Bourgogne Jacques Théodore SACONNEY est envoyé à 9 ans, à Paris pour commencer sa scolarité au lycée Henri IV. Il y reste 10 ans et fait d’excellentes études qui vont lui permettent d’entrer en 1895 à l’École Polytechnique. Sous-lieutenant du Génie (1897) puis lieutenant (1899), il est affecté au 4ème régiment du Génie de Grenoble en novembre 1899. Il choisit l’aérostation et fait ses premières ascensions en ballon. En 1902, il passe le Brevet Supérieur d’Aéronaute et devient spécialiste aérostier.

Saconney s’intéresse aux cerfs-volants dès 1904 après avoir lu le livre de Joseph Lecomu « Les cerfs-volants » paru en 1902, et notamment à la photographie aérienne par cerf-volant. Il navigue en Méditerranée à bord du « Saint Louis » pour améliorer les réglages du cerf-volant et la technique photographique.

En septembre 1909 dans le prolongement du 1er meeting mondial d’avion réalisé à l’initiative de Grandes Marques de Champagne, la Section Technique du Génie confie au Lt Saconnet les études d’utilisations militaires du Cerf-Volant.

L’armée comptait ainsi pouvoir continuer les observations aériennes lorsque le vent, supérieur à 10 m/s, empêche l’ascension des ballons montés. De plus, l’armée est désireuse d’essayer un procédé qu’expérimentaient depuis longtemps d’autres pays (capitaine Baden-Powell en 1894 en Grande-Bretagne, lieutenant Wise en 1897 aux USA, lieutenant Schreiber en 1902 en Russie et la Norvège en 1909).

En France, le capitaine Madiot (lui aussi passé par Polytechnique et Fontainebleau) a conçu un cerf-volant de construction très originale et ascensionné en 1908. Etrangement, ce travail n’a pas été soutenu par l’armée et Madiot a œuvré entièrement à ses frais.

Un autre militaire, le commandant Dollfus, organise un concours de cerf-volant d’ascension humaine et le dote d’un prix de 10 000 F. En mai 1909, le trio Dollfus, Madiot et Saconney fait le voyage en Angleterre dont l’armée a autorisé une observation à distance des essais d’ascension de Cody. Saconney, s’il a acquis une grande expérience dans les cerfs-volants pour la photo, arrive bien en retard pour ce qui concerne les ascensions. Cependant, en deux mois, il conçoit un train de cerfs-volants, le fait construire par la société Astra (spécialisée dans la fabrication des ballons) et part l’essayer au Portel dans le Pas-de-Calais, région venteuse à souhait. Outre une équipe de sapeurs, il est accompagné de son épouse Marie Louise munie de sa machine à coudre pour effectuer les modifications à prévoir. Cette intrication de la vie professionnelle et familiale, du bricolage et de la recherche, du sport et de la technique rend cette époque étrange et fascinante.

Malgré quelques casses dues aux vents violents, les essais se déroulent convenablement. Le 10 janvier 1910, jour des essais publics devant la presse internationale, le vent est, hélas, faible. Saconney, trop lourd, doit à contrecoeur, céder la place dans la nacelle à Marie Louise enchantée. Ainsi a-t-on vu partout la photo d’une jeune femme en chapeau s’élever dans la nacelle d’un cerf-volant militaire. Quelques officiers lui succèderont. Les altitudes atteintes sont de 200 mètres avec passager et de 600 mètres avec un lest de sable équivalent.

En mars 1910, l’armée doit choisir un cerf-volant porteur. Les types de cerf-volant en course sont les suivants : capitaine Doraud, capitaine Saconney, capitaine Lenoir, capitaine Madiot et les modèles Hargrave et Conyne. Au jour prévu, le vent est faible et aucune ascension sérieuse ne peut être faite. Seul le Madiot, selon un témoin, satisfait à peu près aux essais. Néanmoins, c’est le train Saconney qui est choisi.

Le choix est peut-être guidé par des considérations partisanes. Saconney est dans le Génie et Madiot dans l’artillerie et ces deux armes passent pour rivales. De plus, la hiérarchie se serait déjugée en choisissant un autre cerf-volant que celui dont elle avait financé la mise au point. Houard, malgré sa sympathie pour Saconney, estimait les deux cerfs-volants aussi nécessaires l’un que l’autre, mais par des vents différents.

En juillet 1910, au 2ème meeting d’aviation de Reims en Champagne, Madiot se classe deuxième derrière le train de Saconney monté par le lieutenant Basset resté 42 minutes à 210 mètres de hauteur.

Le vent qui « faisait rage », apporte au train de Saconney, très solide mais lourd, des conditions plus favorables. Le vent empêche d’ailleurs les avions de décoller ce qui montre que le cerf-volant avait sa place dans les engins aériens. Le mois suivant, le général Foch, futur maréchal mais pas visionnaire, juge dédaigneusement « Tout ça, c’est du sport, l’aviation pour l’armée, c’est zéro

Le coût du train Saconney est de 4000 F ce qui est approximativement le montant de la solde annuelle d’un capitaine. Madiot a vraisemblablement consacré un an de sa solde à la mise au point de son train. Sans que l’on sache s’il y a corrélation, Madiot se tourne alors vers l’aviation dans les mois suivants et se tue dans un accident sur Bréguet à Douai en octobre 1910. Il est le deuxième aviateur militaire français tué en avion.

Ce n’est que le 29 mars 1912, qu’est promulguée la loi constituant l’acte de naissance de l’aviation militaire. L’article premier stipule que « l’aéronautique militaire est chargée de l’étude et de la mise en œuvre des engins de navigation aérienne utilisables par l’armée tels que ballons, avions, cerfs-volants ». Il faut noter que si les cerfs-volants sont cités en dernier, les ballons le sont avant les avions.

La champagne, berceau de l’aviation du Monde sera aussi le berceau de l‘aviation militaire dont le 1er concours se tiendra a Reims en 1912.

- Pilotes Constructeurs de Cerfs Volants vainqueurs à la 2ème  semaine aéronautique de Champagne 1910.