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Charles WACHTER

France (1874 - 1910)
Aviateur

Après avoir été le héros de la matinée du dimanche 3 juillet 1910 pour un beau vol de près de 50 Km le hardi pilote Charles Wacheter, celui-là même avec qui le Ministre de la Guerre reçut son baptême de l air, a trouvé une mort atroce dans un dernier vol qu’il fit en fin de journée. Son monoplan Antoinette n°32 fut pris dans un remous, piqua vers le sol dans une chutte de 200 metres et le Pilote fut retrouvé mort dans les débris.

REIMS 2ème semaine d’aviation - 1910  : Wachter trouve une mort atroce à la suite d’une chute de 200 mètres. L’expéditeur de la carte a écrit : "Je t’envoie la photo de ce pauvre Wachter qui s’est tué dimanche soir pratiquement sous nos yeux, Germaine en est toute retournée, d’autant plus que nous lui avions serré la main le matin même. C’était un brave type, tu sais...".

- Pilote de monoplan Antoinette n° 32 - 2ème Grande semaine d’Aviation de Champagne

 

Extrait de Presse du 4 Juillet 1910

Pourquoi la fatalité a-t-elle voulu que cette première journée du meeting d’aviation de la Champagne, qui eut un intérêt sportif considérable, fût marquée par un accident mortel ? L’atmosphère, de mieux en mieux conquise, fait chèrement payer par des vies les audacieux qui aident à découvrir la solution du grand problème de la locomotion aérienne. Mais chaque sport n’a-t-il pas ses martyrs devant lesquels nous nous sommes tous inclinés comme nous l’avons fait devant la dépouille mortelle de ce pauvre Wachter, tué dans une chute soudaine à la fin de ce premier jour, lui qui le premier, le matin, avait osé braver la tourmente ? Ce fut d’un tragique indescriptible, le bris soudain de ce grand monoplan que plus de 50 000 personnes suivaient des yeux, alors que très haut, il semblait glisser si sûrement dans l’air.

Il était environ six heures du soir ; la journée touchait a sa fin et un public plus nombreux que l’an dernier, malgré le mauvais temps, s’enthousiasmait aux prouesses de nos aviateurs, aux révélations des jeunes, des inconnus pour ainsi dire, qui débutaient au-dessus de cette terre de Champagne. Latham nous avait encore une fois conquis par sa grâce ; mais il avait été dépassé en altitude par un nouveau venu, Morane, qui sur son minuscule monoplan, s’était élevé à 832 mètres pour revenir atterrir en un vol plané d’une audace rare. A son tour, vers les cinq heures et demie, Wachter était parti, ayant lui aussi annoncé qu’il concourait pour le prix de la Hauteur.

Il avait parcouru plusieurs tours de l’aérodrome et il était certainement à plus de 100 mètres d’altitude, se découpant nettement sur le ciel, tout a l’extrémité de l’aérodrome, exactement en face des tribunes, lorsque tout à coup on vit une aile du monoplan se relever brusquement comme brisée, puis la chute soudaine du fuselage et du moteur, la seconde aile rejoignant la première. A la lorgnette, on put apercevoir distinctement le malheureux pilote ainsi précipité qui se levait comme pour s’accrocher ; mais ce fut l’espace de quelques secondes, car l’appareil et son pilote s’abîmaient sur la sol.

Ce fut une angoisse profonde dans la foule, d’autant plus grande que la plupart des spectateurs ignoraient le nom du pilote, croyant les uns que c’était Latham, les autres René Labouchère, qui tous deux pilotent des monoplans semblables. Mais les services d’ambulance s’étaient portés sur le lieu de l’accident. On retrouva le corps du malheureux aviateur à deux mètres des débris de son appareil entièrement brisé. Wachter avait été tué sur le coup. Le corps fut alors ramené par la voiture d’ambulance au poste du service médical, puis transporté à Reims chez M. Krug.

Wachter, qui vient de disparaître si tragiquement, était le beau-frère de M. Levavasseur, l’ingénieur bien connu, constructeur des monoplans Antoinette. Il pilotait naturellement un de ces aéroplanes, et depuis un an environ, s’occupait d’aviation. Auparavant, avec M. Levavasseur, il s’était intéressé aux canots automobiles et il prit part à plusieurs épreuves du meeting de Monaco. Marié et père d’un jeune enfant, Wachter était venu avec sa femme à Reims pour concourir. Il s’était, dès le début de la journée, on l’a vu, affirmé pilote de premier ordre.

Mme Wachter se trouvait dans l’enceinte des hangars quand l’accident survint. On réussit à lui cacher pendant quelque temps la triste nouvelle et des amis la conduisirent à Reims, lui ayant seulement annoncé que son mari avait fait une chute assez grave et qu’il était transporté à l’hôpital. Ce n’est que plus tard dans la soirée qu’on lui annonça la fatale nouvelle.

On se perd en conjectures sur les causes de l’accident. Certaines personnes, qui se trouvaient à proximité de l’endroit où le monoplan est tombé, prétendent avoir entendu une explosion ; d’autres nient ce fait, mais la majorité de ceux qui ont bien vu sont d’accord sur ce point que l’on a vu retomber à terre, après la chute du moteur et du corps, des lambeaux de toile et des éclats de bois. Une enquête est du reste ouverte à ce sujet.


Journal « Le Temps » – 5 juillet 1910