Agé de 18 ans seulement, Henri Gallice perd son père et interrompt ses études pour « apprendre le métier » auprès de son oncle Charles Perrier. Six années plus tard, le jeune homme doit prendre la tête de la maison à la suite du décès de son oncle. Sous sa houlette, Perrier-Jouët s’impose parmi les « Grandes Marques de Champagne ».
Son petit-fils Gérard de Chatellus le décrit comme suit dans ses souvenirs inédits « Très "bel homme", grand et fort sans excès, toujours impeccablement tenu, portant forte moustache blonde à la Gauloise, les cheveux soigneusement tondus, l’œil bleu améthyste, souvent brillant d’ironie. Il était assez impressionnant ».
Ce passionné de cheval et de chasse s’adonnait également volontiers à la pétanque. En 1902, sur sa demande, Emile Gallé crée quatre magnums, tous décorés à la main, ornés de dessins floraux colorés. Mais le coût des bouteilles, sur un marché du champagne alors en crise, est prohibitif et les bouteilles sont mises de côté. Retrouvées quelques décennies plus tard, elles deviendront le fleuron de la Maison.
Surnommé par sa famille et le personnel de Perrier-Jouët, « le Patron » ou encore « le bienfaisant bourru » son nom, comme celui de sa femme, reste attaché à maintes œuvres de bienfaisance .
En 1882, il participe à la création du premier groupement syndical des Maisons de Champagne, en vue d’obtenir la protection de l’appellation « Champagne » et de promouvoir la notoriété des grandes marques dans le monde, en œuvrant notamment pour la liberté des échanges.
Henri Gallice est surtout l’un des principaux pionniers de l’Association Viticole Champenoise (AVC). Dès 1898, celle-ci allait fédérer les efforts des plus grandes Maisons pour inciter et aider les viticulteurs à lutter contre le phylloxera, qui depuis 1890 se propageait en Champagne. En 1907, il achète un journal local « Le Vigneron champenois » pour l’offrir à l’AVC qui manquait cruellement d’un moyen de communication. Ce journal devint très populaire, et joue encore de nos jours un rôle fondamental dans l’information des Vignerons sur les nouvelles technologies et les conseils d’exploitation viticole et œnologiques.
Moralement brisé par la guerre 14/18, il confie la gestion courante de Perrier-Jouët à son beau-frère, Georges Ouizille, et se retire totalement des affaires en 1928.