Les premiers rêves d’envol de l’Homme dans les airs remontent à l’ancestrale légende d’Icare. Si Léonard de Vinci a procédé dès 1500, à une incontestable étude scientifique sur le sujet et, la réalité se concrétisera seulement quelques siècles plus tard. Certes en 1783, les frères Montgolfier, mais également les physiciens Alexandre César Charles et Nicolas Louis Robert ont permis à l’homme de s’élever dans les airs, mais à bord de « plus légers que l’air ».
D’autres, les français Le Bris, du Temple, Ferdinand Ferber, et les frères Voisin puis l’allemand Otto Lilienthal, l’écossais Percy Pilcher, et les américains John Joseph Montgomery et Maloney firent des essais non homologués, car ne répondant pas aux critères requis d’un vol dans un appareil auto propulsé ayant quitté le sol par lui-même (sans lancement) et capable de s’élever par lui-même.
Dès décembre 1906, la Maison de champagne Ruinart, offre un Prix de 12 500 francs-or (environ 50 000 € de 2008) pour la traversée de la Manche. Durant 3 ans aucun pilote ne parvient à réaliser cet exploit qui sera réussi par Blériot le 29 juillet 1909 seulement.
Jusqu’en 1908 aucun vol n’avait encore atteint 1 km et les virages se terminaient le plus souvent par des chutes latérales. Henri Farman ( France) parvient enfin à réaliser une boucle, c’est-à-dire à revenir à son point de départ. Il réalise le 13 janvier 1908 le premier aller-retour sur 500 mètres, avec virage obligatoire autour d’un poteau, sur son biplan Voisin, avec moteur Antoinette de 50 chevaux en 1 minute 25 secondes.
Le 2 octobre 1908 le 1er vol « de ville à ville » est réalisé en Champagne par Henri Farman sur appareil Voisin. Il relie Bouy, près de Chalons-Champagne au Domaine-Pommery de Reims : 27 kilomètres en une vingtaine de minutes à une hauteur avoisinant les 40 mètres, à une vitesse moyenne de 73 kilomètres à l’heure. Son atterrissage, tout près des caves de la Maison Pommery, suscite l’émerveillement pour cette prouesse technique sans précédent. La Maison Pommery reçoit son visiteur avec les Honneurs qu’il mérite, célèbre l’événement et affrète un camion dans lequel l’appareil est soigneusement rangé pour un retour à Chalons-Champagne en toute sécurité par la route.
Le second voyage de « ville à ville » sera réalisé par Blériot (14 km aller-retour en 11 mn). Il se prépare ensuite avec son ami Latham à tenter la traversée de la Manche, et part sans crier gare le 26 juillet 1909 à 4 h 35. Il réussit à atterrir à Douvres, à 5 h 13, le jour même et à l’heure où Lathman avait prévu de partir de Sangatte pour tenter le même exploit. Blériot semblait pressé d’aboutir avant de rivaliser avec tous les grands pilotes du monde le mois suivant à Reims.
Du 22 au 29 août 1909, le premier meeting international d’aviation du monde est organisé sous le nom de Grande Semaine d’Aviation de Champagne. Un horizon illimité, un sol parfaitement plat, la proximité de la ville de Reims, et le soutien financier de la ville et des Maisons de champagne expliquent son formidable succès. Plus d’un million de curieux et de passionnés (parmi lesquels M. Fallières Pt de la république et Briand 1erMinistre) convergent sur le site une semaine durant pour y admirer les évolutions aériennes. Les personnalités françaises et étrangères (SA Albert de Belgique, Sir John French et Lloyd George chancelier de l’Echiquier de grande Bretagne) côtoient les sommités de l’aviation : Louis Blériot, Louis Paulhan, Henri Farman, Hubert Latham, Glenn Curtiss.
Ces pilotes audacieux rivalisent durant une semaine pour remporter le Prix de Champagne (distance), les prix des prestigieuses Maisons Heidsieck-Monopole & Louis Roederer (Vitesse sur 30 km), Moët & Chandon (Altitude), Veuve Clicquot ( Passagers), Pommery (Tour de Piste), Mumm (ballon dirigeable).
Avant ce 1er meeting mondial, aucune compétition aérienne n’avait attiré autant de spectateurs ni rassemblé des Pilotes de plusieurs pays du Monde, ni obtenu un tel succès. Avec le recul du temps, Reims reste dans tous les esprits le premier meeting aérien du Monde digne de ce titre. Il ne pu être organisé que grâce au dynamisme et ténacité de quelques Grandes Marques de Champagne. Mais après cet exploit, quelques autres concours et manifestations aéronautiques s’organisent fin 1909.
7 mai 1910 au camp école de Mourmelon-en-Champagne, les élèves pilotes d’avions Antoinette expérimentent le 1er simulateur de vol du Monde.
Le 1er simulateur de vol du Monde est inventé en mai 1910 en Champagne à l’école des Pilotes des Avions Antoinette – Levavasseur.
Le Prix Ruinart, 12 500 francs ((environ 45 000 € en 2008)) offert depuis décembre 1906 par André Ruinart, Président de la plus ancienne Maison de Champagne et passionné d’aviation, est remporté par Jacques de Lesseps le 21 mai. Ce pilote réussit la seconde traversée de la Manche à partir de Calais sur un monoplan Blériot.
La Coupe Ruinart, offerte pour une double traversée de la manche sera remportée par l’aviateur C-S Rolls sur biplan Wright le 2 juin.
Du 3 au 10 juillet 1910, l’exploit du 1er meeting mondial d’avion de 1909 est relancé à Reims avec près d’une centaine de pilote (pratiquement tous les grands pilotes du Monde). Le Belge, Jan Olieslagers, véritable héros de la semaine, remporte sur avion Blériot l’épreuve de vitesse (106,508 km/h), le prix de la longue distance (392,75 kilomètres) et le prix de la durée (5 h 3 mn). Walther de Mumm participait même aux épreuves sur son monoplan personnel Antoinette.
L’énorme retentissement mondial du 1er meeting international organisé à Reims en août 1909 par quelques Grandes Marques de Champagne a déclenché en 1910 la multiplication des concours et manifestations aériennes organisés dans les plus grandes villes de France et du Monde. Un meeting international est organisé à Indianapolis (USA) pour tenter de rivaliser avec celui de la Champagne.
Ce grand Prix récompense le pilote ayant réalisé le plus long parcours en ligne droite entre le lever et le coucher du soleil. Il est remporté le 1er mai , par Jules Védrines sur monoplan Morane-Gnome. Avec un vol de 293 km entre Paris et Poitiers, en 3 heures et 5 minutes. Il emporte le premier Trophée Pommery, objet d’art assorti de primes trimestrielles de 7 500 francs (environ 23 435 € en 2008). Ce trophée fut ensuite régulièrement disputé jusqu’à la Première Guerre Mondiale.
Le premier concours militaire d’aéroplanes de l’histoire mondiale de l’aviation se tient à Reims en octobre et novembre 1911. Il impose aux constructeurs de pouvoir transporter sans escale une charge utile de 300 kg. Le monoplan Nieuport équipé d’un moteur Gnôme de 100 chevaux et piloté par l’Américain Charles Weymann remporte le concours, suivi des appareils Breguet et Deperdussin.
En Juin 1913, le troisième et dernier meeting aérien d’avant-guerre est organisé à Reims les 27, 28 et 29 juin. La coupe de vitesse Gordon-Benett est remportée par le rémois Maurice Prévost sur l’appareil Deperdussin avec 203 k/h.
Vient hélas ensuite la triste Guerre 14-18, Reims est prise par les allemands le 4 septembre 1914. La ville sera rapidement libérée, mais ses deux terrains d’aviation (situés au nord de la cité), ne sont qu’en partie reconquis. Sa cathédrale Notre-Dame, touchée par un obus, s’embrase le 19 septembre 1914. Pendant les quatre années que dure la guerre, l’activité aérienne est intense autour de Reims. Durant ces temps douloureux, l’aviation française a dû quitter sa région natale pour pouvoir assurer son développement dans des régions plus sures. L’histoire de l’Aviation reconnaît néanmoins pour toujours la Champagne comme l’incontestable et prestigieux berceau de l’aviation en France et dans le Monde, avec les Maisons de champagne pour marraine ou fée bienfaitrice.