Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Dans son ouvrage intitulé Carte historique des vignobles de la Marne des origines au XIIe siècle, publié en 1900, Raoul Chandon de Briailles a identifié dans les limites de l’actuel département de la Marne 131 communes dont le territoire comportait des vignes au début du XIIe siècle.
La région de Reims a la plus forte densité, suivie par celle d’Épernay, et, loin derrière, par celles de Châlons en Champagne, Sainte-Menehould, Vitry-le-François et Sézanne. La vigne est également largement présente dans les vallées supérieures de la Seine et de l’Aube.
On peut donc considérer qu’à la fin du HautMoyen-Âge il existe en Champagne des vignobles et une organisation viticole propres à permettre le démarrage de la commercialisation des vins produits.
D’autant que la Champagne jouit en l’espèce d’une situation géographique favorable, les vignobles étant situés le plus souvent à proximité de la Marne, de l’Aube, de la Seine et de l’Aisne.
Les vins peuvent ainsi être acheminés par la voie fluviale, principal moyen de communication de l’époque, sur Paris, puis Rouen, et ensuite, par mer, vers la Flandre, l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne et le Portugal.
On assiste au développement d’une tendance marquée vers l’agrégation des petits fiefs aux comtés plus importants.
Pour la première fois apparaît dans les actes l’expression « comes campaniae » qui désigne toute la province. Hugues Ier n’est plus seulement comte de Meaux et de Troyes, mais il prend le titre de « comte de Champagne ».
Le comté de Champagne devient, petit à petit, une réalité politique et économique et une grande puissance féodale.
Première Croisade.
L’expédition du moine Pierre l’Ermite et de Gautier Sans-Avoir, pauvre gentilhomme bourguignon, composée de bandes indisciplinées et dénuées de tout, est taillée en pièces à la bataille de Nicée, tandis que celle du duc de Basse-Lorraine Godefroy de Bouillon, formée de gens aguerris et pourvus en armes et approvisionnements, prend Nicée, Tarse, Antioche et Jérusalem.
Urbain II préside le Concile de Clermont, qui décide de la Première Croisade.
L’abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers reçoit de Renaud, archevêque de Reims, des vignes situées à Sainte-Marie-à-Py, Ardigny, Aigny, Aÿ, Chouilly, Plivos, Cuis, Saint-Julien-de-Pierry et Cumières.
La mort de Thibaud Ier, comte de Blois-Champagne, est suivie d’un nouveau partage.
Les comtés de Blois, Chartres, Châteaudun et Meaux sont attribués à l’aîné de ses fils, Etienne ; les terres champenoises vont, tout d’abord, à son second fils Eudes III, puis à son troisième fils Hugues Ier qui les gouverne de 1093 à 1125, date à laquelle il abdique en faveur de son neveu Thibaud II.
Odon (Eudes) de Lagery est élu pape et prend le nom d’Urbain II.
La charte de fondation du prieuré Saint-Thibaut de Château-Porcien signale des pieds de vigne près de la résidence du comte Roger de Porcien.
(Saint) Bruno, écolâtre (directeur d’école) et chancelier de l’église de Reims.
Le comté de Bar-sur-Aube est momentanément rattaché aux possessions de Thibaud Ier, par suite de son mariage, en secondes noces, avec Adélaïde (ou Alix), soeur de Raoul III de Valois.
Les moines de l’abbaye haut-marnaise de Montier-en-Der obtiennent du comte de Blois-Champagne Thibaud Ier de ne pas payer la taxe de transit sur le vin qu’ils ramènent pour leur propre consommation de leur vignoble de Vauciennes, près d’Épernay.
Fondation du monastère de Molesmes.
Début de la Querelle des Investitures avec les Dictatus papae de Grégoire VII, qui affirment l’universalité du souverain pontife et sa supériorité sur l’empereur d’Allemagne.
Le Synode de Rome interdit à Henri IV, empereur d’Allemagne, de consacrer les pouvoirs temporels et spirituels des abbés et des évêques. En réponse, le Concile de Worms proclame la déchéance de Grégoire VII.
La Querelle des Investitures a des échos en Champagne, où elle provoque même un assez grave conflit entre Grégoire VII et l’archevêque de Reims, Manassès Ier, qui résiste au parti ultramontain. Destitué par Philippe Ier sur injonction papale, il menace de résister par les armes, avant de se soumettre et d’être rétabli dans ses fonctions et prérogatives.
Ebles de Roucy participe à la reconquête espagnole.
Conquête de l’Angleterre par les Normands de Guillaume le Conquérant.
L’abbaye Saint-Nicaise de Reims devient propriétaire de vignes situées à Châtillon et au Mont-Ausson (deux localités disparues de la proche banlieue de Reims), à Chigny, Méry, Rilly-la-Montagne, Saint-Lié, Tramery et Villers-aux-Noeuds, dans la Montagne de Reims.
Thibaud Ier devient le seul représentant de la maison de Blois-Champagne.
Le nouveau comte paraît s’être assez peu soucié de ses domaines champenois, préoccupé surtout de poursuivre la lutte contre ses voisins angevins.
Règne de Philippe Ier, fils de Henri Ier et d’Anne de Kiev, couronné et sacré à Reims par l’archevêque de la ville, Gervais de Château-du-Loir.
Début des grands défrichements par les moines dans toute la France.
Les moines des abbayes de Saint-Remi et de Saint-Pierre à Reims, de Saint-Thierry, de Saint-Basle à Verzy, de Saint-Pierre à Hautvillers, ou ceux de la communauté de Pierry, s’emploient à défricher les flancs de la Montagne de Reims pour constituer un sol propice à la viticulture.
Ces moines vignerons constatant que la couche fertile est bien mince dans la plupart des lieux, l’enrichissent par des apports de bonne terre ou de fumier, d’où la vigne tire une énergie nouvelle.
Au fil des siècles et malgré la rudesse du climat champenois, les rendements s’améliorent lentement.
Après d’âpres négociations menées par Roger, évêque de Châlons, le roi de France Henri Ier épouse Anne de Kiev, fille du grand prince Iaroslav, et se fait sacrer à Reims.
Présidé par le pape Léon IX, le Synode de Reims réprime la simonie (ou trafic des biens spirituels) et le nicolaïsme (ou mariage des prêtres).