Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Lors d’une Question agitée dans les Écoles de la Faculté de médecine de Reims le 14 mai 1777 par M. Navier fils, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine en l’Université de Reims, de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Chaalons, sur l’usage du Vin de Champagne Mousseux contre les Fièvres putrides et autres Maladies de même nature, publiée à Paris en 1778, en latin et en français, l’auteur soutient que le vin mousseux de Champagne peut, avec succès, guérir les maladies putrides et épidémiques.
Guerre d’Indépendance des treize colonies anglaises d’Amérique du Nord.
Les principaux faits de cette guerre sont :
la prise de New York et Philadelphie par les forces anglaises, l’intervention française au moyen d’un corps expéditionnaire de 6.000 hommes, commandé par La Fayette et Rochambeau, et de la flotte de l’amiral-comte de Grasse, les victoires du général Washington à Saratoga et à Yorktown.
Par le Traité de Versailles, l’Angleterre reconnaît l’indépendance des treize colonies confédérées ; la France recouvre ses comptoirs de l’Inde, les îles de Tobago et Sainte-Lucie, Saint-Pierre-et- Miquelon, le droit de pêche à Terre-Neuve, Gorée et le Sénégal ; l’Espagne, alliée de la France, l’île de Minorque et la Floride.
Le commerce des vins se trouve enfin libéré par un Edit royal pris à l’instigation de Turgot, aux termes duquel « Sa Majesté permet de faire circuler librement les vins dans toute l’étendue du royaume, de les emmagasiner, de les vendre en tous lieux, et en tout temps, et de les exporter en toutes saisons, par tous les ports, nonobstant tous privilèges particuliers et locaux à ce contraire, que Sa Majesté supprime ».
La perception des droits à divers échelons reste cependant une gêne pour le commerce, mais tous les vins paient les mêmes droits d’entrée, ce qui avantage les vins fins. Dans ses Tableaux de Paris, Louis-Sébastien écrit à ce sujet : « Le tonneau de l’excellent Bourgogne, du délicieux Champagne ne paie pas plus d’entrée que le tonneau de Brie, et le vin qui déchire le gosier du tailleur est taxé au même taux que le nectar qui parfume la bouche du conseiller d’Etat ».
Création de la Caisse d’Escompte à Paris.
L’année est notoire pour le nombre de bouteilles de vins mousseux de Champagne cassées (l’activité des levures devait être particulière ment explosive), et pour le désastre financier qui s’ensuivit, si bien que les années suivantes, la plupart des producteurs ne firent que des petites quantités.
Le secrétaire d’Etat à la Guerre Saint- Germain autorise la transformation de l’ancien Collège des Minimes de Brienne en une école militaire. Trois ans plus tard, on y voit arriver un jeune Corse, bourru mais acharné au travail, Napoléon Bonaparte.
Séparé de son associé Jean-Baptiste Dussaulois, Pierre-Joseph Dubois, aidé de son fils qui l’a rejoint dans l’affaire, fonde à Reims la maison Dubois et Fils, appelée à devenir en 1833 la maison Louis Roederer.
La cherté du prix du blé, provoquée par les accapareurs, mécontents de la liberté de circulation des grains institutée par Turgot, entraîne la « guerre des farines » qui se traduit par des émeutes en Champagne et en Bourgogne, dans l’Oise, à Paris et à Versailles.
Fondation de l’Académie de Châlons.
Dans la dernière partie du XVIIIème siècle, hormis dans certains cercles de la haute société, la vogue du vin effervescent de Champagne subit une éclipse.
Dans ses Observations, historical, critical, and medical on the wines of the Ancients and the analogy between them and modern wines, sir Edward Berry écrit que si les Français et les Anglais en ont été dans le passé « particulièrement amateurs », les premiers ont presque totalement abandonné « ce goût dépravé » qui, même en Angleterre « n’est plus tellement prédominant ».
Il n’empêche qu’en France comme à l’étranger, les spécialistes s’accordent pour admirer la façon dont la viticulture est pratiquée en Champagne, au début comme à la fin du siècle.
Le tome IX du Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle de Valmont de Bomare atteste que « de toutes les différentes méthodes dont on fait usage dans les diverses provinces de France, on n’en voit nulle part qui approche des soins et des précautions que prennent les Champenois depuis cinquante-cinq ans ».
Règne de Louis XVI, fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, petit-fils de Louis XV le Bien Aimé.
Turgot est nommé contrôleur général des Finances, puis surintendant des Postes.
Louis XVI n’a peut-être jamais bu d’autre vin effervescent de Champagne que celui qui lui est offert à Reims le jour de son sacre.
A Troyes, la communauté des Bonnetiers compte 40 membres.
Fondation de la société maçonnique du Grand Orient de France.
Claude Ruinart acquiert par échange avec le chapitre métropolitain de Reims la terre seigneuriale de Brimont et celle, annexe, de Brimontel, et prend le titre de seigneur de Brimont.
Dénombrement de la Généralité de Châlons.
Fondation à Troyes de l’École supérieure des Beaux-Arts et Arts appliqués, par Pierre-Jean Grosley, dont la mission est de développer les métiers d’art et de les insérer dans l’économie locale.
Une Enquête ordonnée par l’Intendance de Champagne fait état de 14.710 ha de vignes sur le territoire de l’actuel département de la Marne, dont 10.250 en Côte et Val de Marne viticoles, 1.380 sur les plaines centrales, 1.800 en Champagne humide, 1.280 sur le plateau de Brie-Tardenois.
Mariage de Philippe Clicquot avec Françoise Muiron.
Son beau-père, également négociant, se retirant des affaires, les deux négoces fusionnent et adoptent pour nouvelle raison sociale la dénomination de « Clicquot-Muiron ».
Philippe Clicquot, banquier et marchand de laine, fonde dans sa ville de Reims une maison de négoce en vins de Champagne, activité annexe qui lui permet de tirer le meilleur profit des 8 ha de vignes qu’il possède à Bouzy et à Verzenay et dont il avait jusqu’alors l’habitude de vendre les vins « à une petite clientèle
faite d’amis et de relations d’affaires ».
En guise d’annonce légale de l’époque, Philippe Clicquot fait paraître un avis dans la Gazette de France indiquant qu’il « fonde négoce de vins à l’enseigne Clicquot ». Le dit avis précise en outre que le « sieur Clicquot est banquier, commerçant en étoffes et propriétaire de vignes en lieux-dits champenois de haute renommée » et qu’il se propose de « franchir les frontières du royaume pour porter au goût des étrangers la finesse des vins de Champagne ».