Œuvre d’Eric Glâtre de 2001
(actualisation UMC)
Gallo-Romains
Moyen-Âge
Renaissance
Siècle des Lumières
Révolution
Restauration
République
Années folles
Temps Modernes
MondialisationUn certain docteur Christopher Morret (ou Merret) fait part à la Royal Society de Londres de ses observations sur l’effervescence, d’où il ressort que l’addition de divers ingrédients et épices, tels que la canelle ou le clou de girofle et surtout du sucre et des mélasses, à toutes sortes de vins (dont ceux arrivés de Champagne en fûts) est alors chose courante dans tout le pays, « afin de les rendre vifs et pétillants à boire, et d’augmenter leur teneur en alcool, et aussi d’en améliorer le goût ». Moyennant quoi les vins de Champagne fermentent à nouveau et deviennent mousseux.
Henry Holden et John Colenet, deux gentilhommes verriers anglais, déposent un brevet, afin de garantir leur mode de fabrication en série de bouteilles « à large corps surmonté d’un long col aux épaules tombantes, un goulot bagué facilitant le bouchage » susceptibles de résister à l’augmentation de pression qui ne peut manquer de résulter de la prise de mousse.
Apparus en Angleterre au début du XVIème siècle, les vins de Champagne y connaissent un succès grandissant à partir de la Restauration des Stuarts.
Il faut avouer que les crus de la Rivière et de la Montagne disposent à la Cour de Charles II d’un ambassadeur persuasif et assidu, en la personne de Charles de Marguetel de Saint-Denis, marquis de Saint-Evremond, un philosophe spirituel, frondeur et libertin.
Création de la charge de gourmet royal. A Épernay et Aÿ, ils sont au nombre de 5.
Les Jésuites de Châlons-en-Champagne déci dent de constituer un vignoble de 8.000 pieds
au Mont Héry.
Quelques années plus tard, ils ne poursuivent pas leur dessein, car la qualité du vin obtenu est médiocre.
Les fêtes du sacre de Louis XIV à Reims sont l’occasion de faire connaître à toute la Cour les vins de Sillery, d’Hautvillers, de Verzenay et de plusieurs autres terroirs voisins de la métropole champenoise.
Première mention du vin des « Trois Coteaux » champenois d’Aÿ, Hautvillers et Épernay, citée par Des Maizeaux dans les Oeuvres de M. de Saint-Evremond publiées sur ses manuscrits avec la vie de l’auteur :
« Un jour que M. de Saint-Evremond mangeait chez M. de Lavardin, évêque du Mans, cet évêque se prit à le railler sur sa délicatesse et sur celle du comte d’Olonne et du marquis de Bois-Dauphin. Ces messieurs, dit ce prélat, outrent tout à force de vouloir raffiner sur tout. Ils ne sauraient manger du veau de rivière [...] et pour le vin, ils n’en sauraient boire que des trois coteaux d’Ay, d’Hautvillers et d’Avenay [...] Enfin ils répétèrent si souvent ce qu’il avait dit des coteaux et ils en plaisantèrent en tant d’occasions qu’on les appela les Trois Coteaux. Voilà Monsieur, la véritable origine des Coteaux qui n’a été connue que de peu de personnes... »
Guillaume Le Roy, abbé de Hautefontaine, y développe un foyer de jansénisme.
« Conflit » entre Bourguignon et Champenois, au sujet des mérites respectifs de leurs vins, la « Querelle des Vins » voit médecins et poètes en découdre allègrement, pendant près de 130 ans :
« La ferveur croissante témoignée aux vins champenois, les éloges dithyrambiques qui leur étaient prodigués, en vers et en prose, ne pouvaient manquer d’échauffer quelque
peu la bile de leurs voisins et rivaux bourguignons. [...]
« De là une guerre, sourde d’abord, puis ouverte, à laquelle participèrent l’art et la science, le latin et le français. Avec des alternatives de calme et d’offensives virulentes, de saillies courtoises et d’insinuations malveillantes... ».
Daniel Arbinet, originaire de Beaune, soutient devant la Faculté de médecine de Paris une thèse intitulée : « Donc le vin de Beaune est le plus suave à boire et le plus salubre », qui ouvre la « Querelle des Vins » entre Champenois et Bourguignons.
La Fronde.
Les nobles, mécontents de la politique centralisatrice menée en son temps par Richelieu, essaient de profiter de la minorité de Louis XIV, de l’impopularité de Mazarin et de la crise des subsistances, pour reconquérir leurs anciennes prérogatives.
Le Parlement décide de s’ériger en corps politique, de délibérer sur les affaires de l’Etat et de faire cause commune avec la noblesse révoltée.
Frondeurs et partisans de Mazarin recrutent des mercenaires et des aventuriers en Allemagne.
Les populations champenoises restent généralement passives dans la lutte politique, mais elles souffrent cruellement (surtout en Champagne septentrionale) des opérations militaires qui se déroulent sur leur sol.
Claude de Chastillon, ingénieur originaire de Châlons, publie dans sa Topographie française les relevés et les vues cavalières des places fortes du royaume.
Lettre de Mgr d’Estampes de Valençay au chancelier Séguier dénonçant la prolifération des sorciers en Champagne.
Régence d’Anne d’Autriche pendant la minorité de son fils, puis règne personnel de Louis XIV le Grand.
Louis II de Bourbon, 4ème prince de Condé, alors duc d’Enghien, bat les Espagnols à Rocroi.
Mazarin devient premier ministre.
Richelieu déjoue un complot ourdi par le marquis de Cinq-Mars, favori de Louis XIII, Gaston d’Orléans et le duc de Bouillon, avec l’appui de l’Espagne.
Le marquis de Cinq-Mars est décapité, tandis que le duc de Bouillon doit céder au roi ses principautés souveraines de Sedan et de Raucourt, recevant en échange le gouvernement d’Épernay et de Château-Thierry.
Les Archives départementales de l’Aube disposent des baux du pressoir banal de la commune d’Ailleville.
Les Impériaux, puis les Suédois, ravagent la Champagne méridionale.
En Angleterre, sir Kenelm Digby invente un nouveau procédé de fabrication des bouteilles, par lequel il s’emploie à augmenter la température des fours et à modifier la composition de la pâte de verre.
Isaac de Laffémas inaugure une série continue d’intendants de Champagne exerçant leur autorité dans la Généralité de Châlons.
Celle-ci comprend les Elections d’Épernay, Reims, Rethel, Sainte-Menehould, Vitry-le-François, qui forment la Haute-Champagne, et les Elections de Bar-sur-Aube, Châlons, Chaumont, Joinville, Langres, Sézanne et Troyes, qui constituent la Basse-Champagne. Il s’agit d’un territoire plus restreint que le gouvernement qui englobe, outre la Haute et la Basse-Champagne, les Elections briardes de Château-Thierry, Meaux, Coulommiers, Rosoy, Provins, Montereau, Nogent-sur-Seine, et les Elections de Sens, Joigny, saint-Florentin, Tonnerre, sur les confins de la Bourgogne.
Troyes reste la capitale du gouvernement, tandis que Châlons est le siège de l’Intendance champenoise.
Par l’intermédiaire des intendants, le pouvoir central tient en surveillance les autorités locales.
Naissance à Saint-Pierremont du célèbre érudit bénédictin Jean Mabillon, élève de l’Université de Reims, auteur d’importantes recherches sur l’histoire de l’Ordre de Saint-Benoît et d’un célèbre traité de diplomatique. Il aura pour secrétaire particulier et ami Thierry Ruinart.
Naissance, à Troyes, du sculpteur François Girardon, fidèle disciple et collaborateur de Charles Le Brun, auteur du charmant bassin de la Pyramide, de fameux groupe Appolon servi par les nymphes, de l’Enlèvement de Proserpine érigé au centre de la colonnade du parc du Château de Versailles, etc.